Les autorités gouvernementales ont pris conscience des défis liés à l'établissement d'une bonne gouvernance, à la prévention et à la lutte contre la corruption, reconnaissant la nécessité d'adopter des approches avancées et multidimensionnelles pour faire face à la complexité de ce phénomène. La Tunisie se trouve aujourd'hui à un tournant crucial : la transformation numérique de son administration publique apparaît comme une solution prometteuse pour lutter contre la corruption, un fléau qui mine le développement économique et social du pays. Un bilan à développer Selon une enquête récente menée par l'Organisation Nationale des Entrepreneurs (ONE) auprès de plus de 5000 PME tunisiennes, la réalité de la digitalisation administrative est loin d'être satisfaisante. L'étude révèle que 56% des prestations numériques se limitent à seulement trois services : la déclaration fiscale, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et le Registre national des entreprises (RNE). Ce constat met en lumière le chemin qu'il reste à parcourir pour une digitalisation complète et efficace de l'administration. De plus, l'enquête souligne que plus de 30% des chefs d'entreprises se plaignent de déficiences en matière d'infrastructure, de problèmes de sécurité informatique et d'un manque de coordination entre les administrations. Ces obstacles freinent considérablement l'adoption et l'efficacité des solutions numériques. Un contexte favorable mais des progrès limités Malgré des initiatives précoces dans le domaine du numérique dès la fin des années 90, la Tunisie a connu un ralentissement dans la modernisation de ses systèmes administratifs. La crise du COVID-19 a mis en lumière l'urgence d'accélérer cette transition, révélant les limites des procédures bureaucratiques traditionnelles face aux défis contemporains. La digitalisation des services administratifs s'impose comme un outil puissant dans la lutte contre la corruption en Tunisie. En renforçant la transparence, elle offre une visibilité sans précédent sur les processus gouvernementaux. L'introduction d'un identifiant unique pour chaque citoyen facilite l'interopérabilité entre les différentes administrations, rendant les transactions plus traçables et moins vulnérables aux manipulations frauduleuses. De plus, la dématérialisation des procédures courantes réduit considérablement les interactions physiques entre citoyens et fonctionnaires, éliminant ainsi de nombreuses opportunités de corruption, telles que les pots-de-vin ou les abus de pouvoir. L'efficacité administrative se trouve également améliorée grâce à la digitalisation. Des systèmes numériques intégrés permettent un traitement plus rapide et plus précis des demandes administratives, réduisant les délais d'attente et, par conséquent, les frustrations qui peuvent inciter à des comportements corrompus pour « accélérer » les procédures. Cette optimisation des processus administratifs contribue à créer un environnement où la corruption devient moins tentante et plus difficile à dissimuler. Enfin, la digitalisation ouvre la voie à un engagement citoyen plus actif dans la gouvernance. Les plateformes numériques offrent aux Tunisiens la possibilité de signaler des irrégularités et de participer à l'élaboration des politiques publiques. Cette implication accrue des citoyens crée un environnement de vigilance collective qui décourage les pratiques corruptrices. Cependant ... La mise en œuvre de solutions numériques dans la lutte contre la corruption en Tunisie se heurte à des obstacles significatifs, notamment en termes d'infrastructure et d'adaptation humaine. Le manque d'équipements et de réseaux modernes dans certaines régions risque de compromettre le déploiement uniforme des services digitaux, créant potentiellement des zones de vulnérabilité. Par ailleurs, la transformation digitale peut rencontrer une résistance au sein même de l'administration, nécessitant un effort soutenu de sensibilisation et de formation pour surmonter les réticences et assurer une adoption efficace des nouveaux outils. La sécurité des données et l'inclusion digitale représentent également des enjeux cruciaux. Parallèlement, il est impératif de veiller à ce que la digitalisation n'exacerbe pas les inégalités existantes en excluant les populations moins familières avec les technologies ou n'ayant pas un accès facile à internet. Relever ces défis nécessite une approche holistique, combinant investissements dans les infrastructures, programmes de formation, mesures de cybersécurité robustes, et initiatives d'inclusion numérique pour assurer que la transformation digitale bénéficie à l'ensemble de la société dans la lutte contre la corruption. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!