Dans le cadre du projet Savoirs Eco en Tunisie, financé par l'Union européenne et mis en œuvre par Expertise France, la Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (Ferdi) a lancé un programme de mentorat. Ce programme vise à soutenir la production de policy briefs sur des enjeux économiques et de développement durable en Tunisie, parmi lesquels se trouve la question cruciale du travail domestique. Une réalité complexe Le travail domestique en Tunisie est souvent perçu comme un secteur marginalisé et non réglementé. Ce domaine, majoritairement occupé par des femmes, est marqué par des disparités sociales et économiques. Les conditions de travail précaires et l'absence de reconnaissance légale plongent les travailleurs dans une situation de vulnérabilité. Une analyse approfondie de cette réalité permet d'explorer les enjeux qui y sont liés et d'évaluer les perspectives d'amélioration. Historiquement, le travail domestique est associé à des normes de genre qui le relèguent au second plan, le considérant comme une extension naturelle des responsabilités féminines. Cette perception est profondément ancrée dans l'histoire sociale et économique, où les contributions des femmes à l'économie domestique ont souvent été invisibilisées. En Tunisie, cette dynamique se traduit par une absence de régulation adéquate, laissant les travailleurs domestiques dans une situation précaire. Les femmes, qui représentent la majorité de cette main-d'œuvre, se retrouvent souvent piégées dans un cycle d'exploitation où leur travail n'est ni reconnu ni rémunéré équitablement. Rôle ambivalent des intermédiaires La législation tunisienne a récemment tenté d'aborder cette problématique avec l'adoption de la loi n°2021-37. Bien que cette loi marque un progrès significatif en définissant le statut des travailleurs domestiques et en établissant des droits fondamentaux, son application reste problématique. Les décrets d'application nécessaires n'ont pas encore été mis en œuvre, laissant la loi dans un état d'attente qui limite son impact sur la protection des droits des travailleurs. La lenteur du processus législatif et l'absence de mécanismes concrets pour faire respecter ces droits soulignent les défis persistants auxquels sont confrontés ces travailleurs. L'émergence d'organisations intermédiaires dans le secteur du travail domestique pourrait offrir une voie vers l'amélioration des conditions de travail. Ces intermédiaires peuvent jouer un rôle crucial en facilitant l'accès à des emplois mieux rémunérés et en sensibilisant aux droits des travailleurs. Cependant, leur présence comporte également des risques d'exploitation accrue si leurs pratiques ne sont pas régulées. Il est donc essentiel d'établir un cadre clair garantissant que ces intermédiaires agissent dans l'intérêt des travailleurs plutôt que comme de nouveaux vecteurs d'inégalité. Perspectives d'amélioration En favorisant la recherche et la réflexion sur ces enjeux, le projet Savoirs Eco en Tunisie pourrait contribuer à une meilleure compréhension et à une régulation plus efficace du travail domestique en Tunisie. Bien que des avancées législatives aient été réalisées pour améliorer le statut des travailleurs domestiques en Tunisie, la mise en œuvre effective de ces réformes demeure un défi majeur. La reconnaissance juridique tardive et le rôle ambivalent des intermédiaires soulignent la nécessité d'un engagement continu pour garantir des conditions de travail décentes et équitables dans ce secteur crucial.
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