On l'a vu venir… Les USA, fussent-ils la première économie de la planète (une économie financée avec des crédits, d'où les 31 4000 milliards $ de déficit public), n'ont pas les moyens d'ouvrir les fronts canadien, européen et chinois en même temps. Comme Hitler l'avait fait durant la seconde guerre mondiale, le président Donald Trump a trop présumé de ses forces. Face aux dégâts que son aventure insensée a provoqués il a fini par entendre la voix de la raison, ou plutôt celle des Bourses américaines et de ses copains milliardaires dont les fortunes fondent comme neige comme au soleil. La première reculade est venue avec le Mexique et le Canada, dont le nouveau Premier ministre, Mark Carney, a été reçu à la Maison Blanche le 6 mai 2025. L'homme n'a pas flanché face au président américain, il a eu des mots et des postures qui ont honoré son pays. Avant ça Trump avait décrété une pause de 90 jours sur les nouveaux droits de douane, le temps de trouver des accords avec pratiquement tous les pays du monde. Titanesque. Mais le plus gros morceau est sans doute la deuxième puissance économique de la planète, la Chine. C'est elle qui fait le plus mal aux Américains. Le républicain avait lui-même reconnu qu'il était allé trop loin dans ses frappes et avait rétropédalé sur la surtaxe inédite de 145%. Cela avait calmé partiellement les Bourses américaines et mondiales mais elles ne sont jamais revenues à leur niveau de confiance d'avant. Trump avait versé dans l'esbroufe en annonçant le 17 avril dernier que Washington et Pékin étaient déjà à la table des négociations. Faux factuellement, ils n'y étaient pas encore. Les Chinois l'ont confirmé en renvoyant des Boeing qu'ils avaient commandés… Cette fois on y est, Trump et son homologue Xi Jinping ont officiellement accordé leurs violons. La Chine et les USA ont annoncé qu'ils se rencontreront le week-end prochain en Suisse pour entamer une négociation commerciale, une première depuis les tirs du président américain sur les produits chinois et les représailles musclées de Pékin. Mais Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a tenu à préciser devant les médias ce mercredi 7 mai que cette réunion a été organisée "à la demande des Etats-Unis". Pour bien signifier qu'elle n'a pas attendu Trump comme le messie, la Banque centrale chinoise a dévoilé une batterie de mesures pour doper l'économie du pays malmenée par la guerre commerciale avec les Etats-Unis et une consommation intérieure en berne. La Chine "ne sacrifiera pas sa position de principe" et "défendra la justice" lors de ces discussions entre son vice-Premier ministre He Lifeng, le ministre américain des Finances Scott Bessent et le représentant américain au commerce Jamieson Greer, a précisé le département chinois du Commerce. "Si les Etats-Unis parlent d'une manière et agissent d'une autre, ou (…) s'ils tentent de continuer à contraindre et à faire chanter la Chine sous le couvert de discussions, la Chine ne sera jamais d'accord", a-t-il ajouté dans un communiqué. "J'ai hâte de mener des discussions productives dans l'optique de rééquilibrer le système économique international pour mieux servir les intérêts des Etats-Unis", a commenté Bessent dans un communiqué. Il a confié ceci à la chaîne Fox News hier mardi : "Je m'attends à ce que nous parlions de désescalade, pas d'un grand accord commercial (…). Il nous faut la désescalade avant de pouvoir aller de l'avant"… En attendant le "Calumet de la Paix" la Chine bombe le torse, elle a annoncé ce mercredi la baisse d'un taux d'intérêt phare et du volume des réserves obligatoires des banques pour faciliter les prêts. "Le taux de réserve obligatoire va être réduit de 0,5 point de pourcentage", a indiqué le patron de la Banque centrale chinoise, Pan Gongsheng, lors d'une conférence de presse. Les autorités ont fait davantage en diminuant des taux d'emprunt pour ceux qui acquièrent leur premier bien immobilier… Le taux pour les premiers achats immobiliers avec des crédits d'une durée supérieure à 5 ans passera de 2,85% à 2,6%, d'après Pan Gongsheng. C'est la démonstration que la sérénité règne en Chine. Elle a enduré stoïquement les coups que lui ont portés les USA, alors qu'on a entendu les Américains crier leurs souffrances. S'il y a un vainqueur dans ce duel c'est bien Pékin, en tout cas c'est ce que le monde entier a retenu. La mystification de la Maison-Blanche a tourné court. Rendez-vous ces samedi et dimanche pour la suite des événements.
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