TUNIS (TAP) - Quelle soit qualifiée de "Révolution du jasmin" ou de "Révolution du cactus", et au delà de la polémique que peut provoquer l'appellation donnée à la Révolution tunisienne, émerge un constat unanime sur le rôle des nouveaux médias, en tant que catalyseur du "printemps arabe" tunisien. La Révolution tunisienne et les usages militants des outils technologiques ont été au centre d'un atelier de travail sur "la révolution par les T.I.C" organisé, samedi après-midi, à la Cité des sciences à Tunis, en marge du séminaire sur "La transition démocratique en Tunisie : enjeux et perspectives". Si les avis sur la contribution des TICs et des réseaux sociaux dans la révolution tunisienne sont partagés par les animateurs de la rencontre, une nette divergence est apparue concernant le rôle du journalisme alternatif ou citoyen et de celui des médias dits classiques. Du réseau social Facebook aux blogs en passant par les nouveaux médias Twitter et YouTube, "les espaces d'expression conquis par les internautes ont fini par greffer la sphère virtuelle sur la sphère réelle", explique une universitaire et bloggueuse tunisienne. Le 14 janvier, les nouveaux médias ont ainsi contribué à la mobilisation "d'une plate-forme civique" et ont permis de "vaincre la peur" et de manifester en masse devant le ministère de l'Intérieur, ajoute-t-elle. Le débat divis cependant sur le processus de production de l'information dans les "vieux médias" et dans la blogosphère entre les exigences d'une information crédible, recoupée et avérée dont les professionnels du métier sont tenus à respecter et les risques de manipulation sur les réseaux sociaux. Le modérateur de la rencontre ira jusqu'à considérer qu'"assimiler un bloggeur à un journaliste est un abus". Il s'agit, estime-t-il, de ne pas confondre entre un journaliste qui donne une information pour le grand public et les lecteurs, et un bloggeur qui n'est pas "une source d'informations crédible". Les journalistes sociaux ou citoyens sont-ils assez outillés pour produire une information respectant l'éthique ? Oui, s'en défendent les bloggeurs présents qui mettent en avant le rôle de la blogosphère dans le relais de l'information et contourner la vigilance de la censure sophistiquée pratiquée par l'ancien régime. Un hommage est rendu, à cette occasion, à feu Zouheir Yahyaoui, le premier célèbre cyberdissident tunisien qualifié de "martyr d'Internet" qui fut persécuté, arrêté et emprisonné pendant deux ans, et qui succomba à une crise cardiaque peu après sa sortie de prison en 2005. De ce débat opposé surgit l'idée de "façonner une intelligence collective" entre journalistes professionnels et journalistes citoyens afin d'"agir ensemble pour une même cause, celle de la liberté d'expression et d'information" et pour l'édification d'un nouveau paysage médiatique.