TUNIS (TAP) - La relance de la logistique, activité à même de générer entre 200 et 400 mille emplois, revêt un caractère urgent pour la Tunisie où les projets relatifs au secteur accusent du retard, c'est ce qui ressort de la conférence tenue mardi, à Tunis, sur le thème «la logistique: vecteur de croissance, de compétitivité et de développement régional». La logistique a été définie par M.Yvan Salamon, président d'Argon Consulting (conseil en distribution, approvisionnement, production...), comme étant «l'ensemble des activités nécessaires à l'optimisation de la circulation de flux, depuis la production de la matière première jusqu'à la réception du produit fini par le client final». Ses piliers sont notamment, le développement de l'infrastructure du système d'information et de la douane. Selon l'étude réalisée par le cabinet de conseil en logistique et chaîne de distribution "Cofinter", des études sur la création de zones logistique sont réalisées en Tunisie, avec un projet pilote au port de Radès. Toutefois, le pays souffre actuellement d'un déficit de plusieurs millions de m2 d'entrepôts, ce qui interdit la massification des flux et augmente considérablement les coûts logistiques, qui atteignent 20% du PIB, et un coût moyen de 16% du chiffre d'affaires des entreprises tunisiennes, contre 11% en moyenne dans les pays développés. L'étude, lancée depuis 2 ans, pour le compte du ministère du Transport et de l'équipement, montre également que les transports routiers, qui représentent 30 milliards de tonnes kilomètres par an se font majoritairement en livraisons directes, par des petits camions, pour compte propre, avec un faible taux de remplissage et 60% des retours à vide, ce qui génère plus de 3 millions de tonnes de CO2 par an. L'informel représente encore 40% du PIB. L'étude précise en outre, que les zones logistiques génèrent en moyenne un emploi direct pour 100 m2 d'entrepôts, outre 4 emplois indirects. Ainsi, pour M. Yves Lafargue, président de Cofinter, la Tunisie gagne à faire des progrès en matière de logistique, activité souvent confondue avec le transport. Plusieurs projets, a-t-il dit, ont été étudiés et élaborés dans ce domaine, mais n'ont pas été encore mis en œuvre. Il estime que la réalisation de 5 millions de m2 d'entrepôts en Tunisie, est plus importante que la construction d'une nouvelle autoroute. Il préconise, également, la réalisation, rapidement, d'un port en eau profonde d'autant plus que de nombreux projets de ce genre sont programmés en Méditerranée. Afin de positionner la Tunisie comme partenaire de proximité avec l'Union européenne (UE) et garantir son efficacité logistique, M. Lafargue recommande d'adopter un plan dans ce domaine, de confier la coordination en la matière à un conseil ou observatoire national de la logistique, de poursuivre la réforme de la douane et de créer des zones franches logistiques. Il s'agit également d'élaborer un statut pour les prestataires de services logistiques, de coordonner la formation dans ce domaine avec les besoins des entreprises en tenant compte du manque de professionnels de la logistique dans le pays. De son coté, M. Yassine Brahim, ministre du Transport et de l'équipement a indiqué, lors de cette conférence organisée par l'association Tounes 2020, que les projets de logistique relève du moyen-terme alors, qu'après la révolution, la priorité porte notamment sur le rétablissement de la confiance, le traitement du problème des revendications sociales et des régions défavorisées. Il a également reconnu que la Tunisie a accusé du retard dans ce domaine où entre 300 et 350 mille de conteneurs sont traités par an contre 11 millions par an au seul port de Jebel Ali (EAU).