TUNIS (TAP) - "Nous ne pouvons actuellement parler de stabilité sociale et de développement économique en Tunisie, seulement si le pays réussit à instaurer un régime démocratique fiable et ce quatre ans au moins après les élections de la constituante (23 octobre 2011)", a estimé M. Mahmoud Ben Romdhane, professeur des Sciences économiques à l'université de Tunis. Toutefois, "les revendications sociales légitimes ne peuvent attendre tout ce temps", a-t-il ajouté, lors d'une conférence organisée vendredi, à Tunis, sur le thème "l'économie politique et les entreprises". Il est possible, selon lui, de faire participer tous les partenaires sociaux à la prise de décision et à l'élaboration de programmes consensuels, durant cette période de transition. La date du 14 janvier a marqué"le recul de l'autorité de l'Etat face à celle du peuple", a relevé l'universitaire, évoquant à ce sujet "une destruction des institutions de l'Etat et l'édification d'une nouvelle étape ". Professeur de Droit à l'université de Sousse et membre du comité des experts de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, Amin Mahfoudh, s'est déclaré, pour sa part, optimiste quant à la capacité d'"une constitution de la deuxième république, d'offrir toutes les garanties pour la mise en place d'institutions de la gouvernance démocratique". "L'assemblée constituante, qui sera une mosaïque de plusieurs partis et personnalités de la société civile, permettra au pays de rompre avec la constitution de 1956 qui a favorisé la naissance du régime autoritaire", a-t-il avancé, à ce sujet. L'universitaire a ajouté que la nouvelle constitution devrait refléter, par ailleurs, un consensus concernant la répartition des pouvoirs et les grandes lignes des politiques, économiques et sociales. Elle devrait être également intelligible à tous les tunisiens, a-t-il relevé. Pour Mme Sonia Naccache, professeur d'économie à l'Université de Tunis, le défi majeur à relever par les prochains gouvernements, est celui de rompre avec "la négligence condamnable" dont ont fait preuve, les gouvernements prédécesseurs, à l'égard des régions et de certaines catégories de diplômés du supérieur.