Par Seifeddine Mattoussi SIDI BOUZID (TAP) - Aménager un Pôle universitaire, créer des zones industrielles, drainer des investissements dans l'agriculture biologique et encourager le lancement de microprojets, telles sont les principales préoccupations de la région de Sidi Bouzid présentées, lundi, par des représentants des partis politiques, de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), des membres du comité régional de protection de la révolution ainsi que des jeunes au chômage à Sidi Bouzid et Regueb et ce, à l'occasion de la visite, dans la région, de M.Adrianus Koetsenruijter, chef de la délégation de l'Union Européenne à Tunis. Ils ont affirmé que la région, où s'est déclenchée la première étincelle de la révolution, enregistre des taux de chômage et de pauvreté très élevés alors qu'elle participe à hauteur de 27pc de la production agricole nationale, dispose de 44 mille hectares de terres domaniales qui sont inexploitées et se situe au carrefour de six régions. Le gouvernorat de Sidi Bouzid, créé en 1974, souffre d'un déficit d'image et un manque de promotion. Il a été délaissé durant de longues années sous l'ancien régime, pourtant il offre de grandes opportunités d'investissement et de partenariat avec l'Union Européenne (UE) en particulier dans le domaine de l'agriculture biologique, une filière qui s'adapte au climat de la région. Par ailleurs, les représentants de la société civile ont appelé les pays européens à aider la Tunisie à restituer l'argent gelé et à juger les symboles de l'ancien régime et les personnes corrompues ainsi qu'à soutenir la transition démocratique en vue d'assurer plus de libertés individuelles et publiques, renforcer la participation de la société civile aux politiques socioéconomiques et consolider la décentralisation des services, tout en insistant sur l'impératif que le partenariat avec l'UE soit équitable et dans un esprit d'égal à égal. Le diplomate européen a indiqué que cette première visite, après la révolution du 14 janvier, a pour objectif d'établir des relations avec les autorités locales et la société civile, prendre connaissance des besoins de la région, écouter la population et transmettre ses préoccupations à la partie européenne. Il a signalé que l'UE vient de débloquer, récemment, 20 millions d'euros destinés à soutenir les institutions de microfinance dans les régions de l'intérieur, les programmes de rénovation des quartiers populaires et les politiques d'emploi, en partenariat avec le Bureau international du travail (BIT). Il a ajouté que cette enveloppe a été décidée pour répondre aux besoins urgents des régions défavorisées, notamment, l'emploi des jeunes et la consolidation des équipements collectifs, soulignant que d'autres dons seront octroyés pour réaliser des projets de développement à moyen et long terme. Auparavant, le chef de la délégation de l'UE avait eu un entretien avec le gouverneur de Sidi Bouzid qui avait évoqué les mesures entreprises depuis la révolution. Il s'agissait, notamment, de l'aménagement d'une zone industrielle, le lancement d'une société de développement et d'investissement ainsi que la restructuration du secteur de la santé et le renforcement de l'infrastructure. En marge de la visite, des manifestants ont scandé des slogans contre la politique européenne au Maghreb, les opérations de l'OTAN en Libye et la manière de traiter les quelque 20 mille tunisiens qui ont émigré, récemment, vers l'Europe.