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Tous unis pour le meilleur !
Reportage - Sidi Bouzid, trois mois après la Révolution (II)

• Les Bouzidis ne veulent plus être écartés des projets de développement qui ciblent leur gouvernorat. Ils se sont structurés dans un cadre associatif pour réfléchir à une stratégie de vie meilleure
Lazhar Hamdi occupait à Sidi Bouzid, jusqu'à la fin du mois de janvier dernier, le poste de représentant de l'Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant. Il ne l'est plus !
Les vingt employés qu'il dirigeait ont décidé de le faire «dégager» pour «complicité avec l'ancien régime». Depuis, il travaille à domicile. La feuille de route, qu'il vient d'élaborer «par esprit de citoyenneté», dira-t-il, offre à tous ceux intéressés par le développement intégré de la région un document de base présentant les multiples atouts de cette zone du centre-ouest, de tout temps enclavée, marginalisée, oubliée des investisseurs privés, écartée de tout processus de développement.
Lazhar Hamdi relève : «Chaque jour, selon les saisons, les camions partent de Sidi Bouzid, en direction des villes côtières, chargés de piments, de tomates, de pommes de terre, d'oignons, d'olives, de pastèques, de melons, de raisin, d'amandes, de pistaches. Ils rentreront bondés de camelote. Pleins de matelas bas de gamme, de téléviseurs fabriqués en Chine et de vêtements made in Turkey».
La pauvreté, un destin ?
Pourquoi donc les innombrables ressources dont foisonne ce gouvernorat, qu'elles soient agricoles, artisanales ou minières ne profitent-elles pas à la région ? Les kilims des femmes bouzidies aux couleurs chamarrées se vendent quatre fois leur prix initial à Kairouan. L'huile d'olive, de grande qualité, très peu acide à cause des conditions climatiques favorables, est coupée à Sfax avec d'autres crus et mise sur le marché national et international sous un label qui ne se réfère en rien à son terroir d'origine. Les fruits et les légumes irrigués intensivement avec des eaux coûtant les yeux de la tête aux agriculteurs, nuisant parfois à la nappe phréatique, iront se transformer ailleurs, dans des usines de produits agroalimentaires implantées au Sahel, à Sfax ou dans les environs des zones industrielles de Tunis. Pourtant, le chômage touche ici 24% de la population active. Le chiffre des diplômés chômeurs oscille entre 7.500 et 10.500 personnes. Les gains tirés de l'exploitation des carrières de gypse, de fer, de calcaire, de ciment, de dolomie, d'argile, qui entourent la ville de Mohamed Bouazizi, ne sont pas réinjectés ici.
Une fois leurs dettes payées, il ne reste au paysan ou à la tisseuse aucun bénéfice susceptible de les faire rêver de lendemains meilleurs. La pauvreté serait-elle une malédiction ? Un destin dans ces terres à la fois fertiles et fières ?
«Non», répondent d'une seule voix les membres de l'association Karama (dignité) et les fondateurs du Centre de recherches stratégiques de Sidi Bouzid (voir La Presse d'hier), qui ont été appuyés dans la mise au point d'une stratégie de développement de Sidi Bouzid par des experts de l'Office de développement du centre-ouest (Ocdo) et ceux de l'Agence de promotion de l'industrie (API).
Blocages
Le climat de liberté, qui a soufflé avec le départ en exil de l'ex-président Ben Ali, a fait germer dans le cœur des hommes et des femmes de la ville par laquelle tout est arrivé, la dignité et la liberté, un sentiment nouveau de responsabilité par rapport à l'avenir de la région. L'impression que désormais tout est possible.
«Au lieu d'attendre, comme il était d'usage, que l'Etat intervienne chez nous, nous avons préféré prendre en main la réflexion sur le développement local. Nous voulons devenir des décideurs à part entière. La Révolution continue…», affirme Hichem Daly, enseignant et président de Karama, dont la majorité des membres sont des diplômés chômeurs.
Est-ce la fièvre révolutionnaire ou la nécessité qui a rendu les jeunes de l'association Karama (moyenne d'âge 25 ans) bouillonnants de créativité, hyper-organisés et dotés d'un sens aussi poussé de la méthode ? Ils démarrent leurs travaux de prospection en collectant des chiffres et des données sur leur gouvernorat puisés chez les responsables de l'API, de l'Apia, de la BTS, de l'Onat, de l'Odco, de l'ATB, qu'ils avaient invité à Sidi Bouzid pour des workshops. Les synergies fonctionnant, ils sont rejoints dans ce projet de stratégie à deux niveaux, un plan d'urgence et des solutions à long terme, par le Centre de recherches stratégiques. On se divise alors en cinq groupes, chacun approfondissant un thème précis : l'agriculture, l'industrie, ville et services, les microprojets, les projets bloqués.
Parmi les projets bloqués, celui qu'a voulu entreprendre avec un associé turc Mohamed Salah Chalbi. Son idée ? Fabriquer à base des produits cultivés sur place des boîtes de conserves de salade méchouia.
Rachid Fetini, entrepreneur dans le domaine du textile et «directeur volontaire» du centre d'affaires, raconte le parcours semé d'embûches de tout investisseur potentiel : «A Sidi Bouzid, trouver un local de 1.000 m2 à louer relève de l'exploit. Tomber sur un terrain assez vaste également auquel on a changé son caractère agricole d'origine pour une affectation industrielle également. Toutes les portes ont été ouvertes à Mohamed Salah Chalbi à Kairouan. Seulement, par sympathie pour Sidi Bouzid, il reste décidé à monter son affaire chez nous. Il continue à courir ici et là. Son problème n'a jusqu'ici pas été résolu. La plupart des terres appartiennent au domaine de l'Etat. Et l'Etat est absent».
«On en est encore au stade du fax et du téléphone»
Autre aberration : les projets restent souvent figés, comme le relève Rabeh Hajlaoui, coordinateur du Centre de recherches stratégiques, parce que l'administration est ici incomplète, mutilée de plusieurs services, inefficiente. Il faut souvent circuler à travers trois gouvernorats pour ramasser les autorisations nécessaires à toute initiative innovante. De quoi décourager les plus téméraires.
Pour Rabeh Hajlaoui, attirer les investisseurs à Sidi Bouzid demande des efforts à entreprendre sur plusieurs niveaux. Le plus urgent serait l'intégration de la ville à l'ère de la communication moderne en réparant d'une manière durable la route, en y aménageant des pôles technologiques et en la connectant au réseau Internet. «On est encore ici au stade du fax et du téléphone !», s'exclame le coordinateur.
Il persiste et signe : «La qualité de la vie n'a jamais été autant un enjeu économique. Quel entrepreneur étranger voudrait s'expatrier dans une ville peu accueillante, qui manque de lieux de loisirs et de culture ? Pensons à un festival du cinéma ou de la chanson engagée à Sidi Bouzid. Il faudrait aménager des stations thermales et des parcs autour de nos cinq sources. Il fut un temps, dans les années 50, où lorsque le sanatorium de l'Ariana affichait complet, on envoyait les patients à Sidi Bouzid. L'air sec et les milliers d'eucalyptus qui se trouvaient dans la région avaient un effet bénéfique sur les malades souffrant d'affections pulmonaires. Il faudrait reboiser nos forêts. Et développer le tourisme. Notre gouvernorat compte uniquement 50 lits. Pourtant des sites historiques, comme ceux de Sbeïtla, sont très proches de chez nous».
On est loin ici des luttes partisanes qui s'expriment à Tunis. Dès que les Bouzidis pénètrent dans une salle de réunion, ils oublient leurs sensibilités politiques. Après avoir vécu le pire, ils s'unissent aujourd'hui pour le meilleur.
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Echos du pays de Bouazizi
*La marque Délice activera bientôt l'installation d'une centrale laitière à Sidi Bouzid. 300 postes d'emploi y seront créés.
*Le Groupe Abdennadher ouvrira dans les mois qui viennent une unité de fabrication de céramique aux environs de la ville, connue pour ses riches gisements d'argile.
*L'Agence foncière industrielle (AFI) vient d'aménager une réserve foncière de 20 ha au profit des investisseurs intéressés par la région de Sidi Bouzid.
*5 500 clients, tel est le chiffre des bénéficiaires des prêts Enda pour les microprojets. Dans ce gouvernorat du centre-ouest, la majorité de la clientèle d'Enda se recrute chez les femmes (70 %) agricultrices (cultures maraîchères, petit élevage d'ovins et de bovins)
*Le mouton Nejdi de Sidi Bouzid, vous connaissez ? Très réputé par le passé pour sa chair tendre et goûteuse, les initiateurs de la stratégie de développement comptent le régénérer avec l'appui de l'Institut national des gènes.
*Le pays de Bouazizi est un des principaux bassins de l'oléiculture en Tunisie. Les fondateurs du Centre des recherches stratégiques de Sidi Bouzid veulent y lancer un marché de l'olive.
*Une demande de station de radio libre a été déposée au nom du Centre des recherches stratégiques, une nouvelle ONG.
*Dissous, le Conseil régional et le Conseil municipal anciens ont été remplacés, sur proposition de l'association Karama, par un nouveau Conseil créé pour gérer les affaires courantes, réunissant le gouverneur, un représentant du gouvernement, des experts et surtout des membres de la société civile.


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