TUNIS (TAP) - La mise en place d'une politique migratoire respectueuse des droits de l'homme, telle est la principale recommandation issue de la 2ème rencontre de la 10ème session des "Cercles de la population et de la santé de la reproduction" organisée, vendredi à Tunis, à l'initiative de l'Office national de la famille et de la population (ONFP) en collaboration avec l'association tunisienne des études de la population (ATEP). Hassen Boubakri, géographe et professeur à la faculté des sciences humaines de Sousse a souligné que la Tunisie doit, aujourd'hui, adopter une politique migratoire avec des objectifs et un agenda innovateurs. Il a ajouté que cette politique doit être basée sur une bonne gestion et une meilleure assistance aux Tunisiens résidents à l'étranger pour améliorer leur intégration dans les pays d'accueil et développer leurs compétences. M. Boubakri propose également la mise en place d'une loi sur l'asile assurant la protection des étrangers qui trouvent refuge en Tunisie. La rencontre a été une occasion pour présenter l'ouvrage "Voiles et sel culture, foyers et organisation de la migration clandestine en Tunisie" de Mohamed Mehdi Mabrouk, sociologue et maître-assistant à la faculté 9 avril de Tunis. Edité en janvier 2010, cet ouvrage de 276 pages est une étude sociologique dans laquelle l'auteur se propose de combler un manque dans le champ de l'investigation sociologique concernant le phénomène de la migration clandestine. Présentant son ouvrage, M. Mabrouk a souligné que l'Europe, à travers ses politiques migratoires actuelles, tend de plus en plus à représenter la migration sous un angle politico-sécuritaire alors que ce même problème a été traité tout au long des trente dernières années sous un angle strictement économique. L'auteur a indiqué qu'il existe trois foyers migratoires en Tunisie, à savoir le nord Est et le Cap Bon, le grand Sahel et le sud à partir de Sfax jusqu'aux frontières maritimes libyennes. Il a relevé que la migration clandestine devient, dans certains cas, un projet familial soutenu par tous ses membres psychiquement et financièrement. Les participants, dont des chercheurs et universitaires, ont souligné que la participation de la femme notamment célibataire ou en rupture de lien familial aux projets de migration clandestine est devenue de plus en plus importante au cours de ces dernières années, non pas seulement pour des raisons économiques mais aussi pour des raisons sociales afin d'échapper au contrôle familial. Les intervenants ont aussi mis l'accent sur l'importance du rôle des institutions qui peuvent fournir l'assistance, l'information et l'orientation.