TUNIS (TAP) - La Tunisie, déjà engagée dans la libéralisation de son économie, a de fortes chances de réussir sa transition dans des conditions meilleures comparées, aux pays de la région de l'Europe centrale et orientale (PECO), qui ont vécu des expériences similaires. Pour M.Ivan Miklos, Vice-premier ministre de la république de Slovaquie, «la Tunisie dispose des atouts nécessaires pour réussir le plus important tournant de son histoire, pour peu que certaines réformes à moyen et long termes soient engagées». M.Miklos, qui intervenait dans le cadre d'un séminaire organisé, lundi, à Tunis, sur le thème «Favoriser la croissance et l'investissement pendant la transition», a cité l'exemple de son pays, qui a réussi pendant dix ans à réaliser la meilleure croissance économique dans la région (PIB 4,3%), grâce à la justesse des réformes engagées pendant la période de transition. Ces réformes, a-t-il poursuivi, ont été axées, essentiellement, sur la révision du système fiscal, excluant toute forme d'exonération, voire toute sorte de privilège fiscal. Pour la Croatie, par exemple, les réformes adoptées ont concerné, particulièrement, la structuration et la régulation du secteur bancaire, a expliqué M.Marko Skreb, représentant de la banque croate /PBZ/. Cette solution a été partagée également par M.Erik Berglof, économiste à la BERD, qui a avancé que l'amélioration du rendement bancaire, constitue une condition essentielle «pour faire partie du monde». Toutefois, a-t-il expliqué, ces réformes ne peuvent pas faire l'objet d'un «copier-coller», dans la mesure où chaque pays doit mettre au point sa propre approche de transition, compte tenu de son environnement interne et externe. «La Tunisie, qui franchi des pas importants sur la voie de la libéralisation économique, ne sera pas affectée, par les mêmes problèmes économiques qui ont concerné les pays de la région PECO, lors de leur passage du régime communiste fermé à l'économie de marché», a précisé l'expert. Pour Mme. Wafa Sayadi, présidente du centre des jeunes dirigeants d'entreprises (CJD), le plus grand défi auquel la Tunisie doit, aujourd'hui, faire face, est de concevoir et de mettre en place son propre modèle de transition démocratique et de développement économique. Ce modèle devrait favoriser la création de richesses, la stimulation des investissements, la création d'emplois, le développement régional et la cohésion sociale, a-t-elle soutenu. Pour ce faire, plusieurs actions sont à mener. Il s'agit, entre autres, de renforcer le principe de l'entreprise citoyenne, de développer un cadre législatif propice à l'investissement, de rassurer les investisseurs tunisiens et étrangers, de limiter l'intervention de l'Etat et d'instaurer une justice transitionnelle transparente, impartiale et équitable. Dans son intervention au cours de la séance plénière d'ouverture, sur les enseignements tirés de la transition et des réformes en Europe Centrale et Orientale, M.Béji Caid Essebsi, Premier ministre au sein du gouvernement de gestion des affaires courantes, a indiqué que la Tunisie est à la veille d'une nouvelle étape de transition, au cours de laquelle le prochain gouvernement aura à relever bon nombre de défis. Il s'agit de l'emploi des jeunes, notamment les diplômés du supérieur, le rétablissement de l'équilibre entre les régions intérieures et celles côtières et le maintien, voire le renforcement des relations privilégiées avec les partenaires étrangers. «La Tunisie doit rester un pays ouvert à l'extérieur», a-t-il dit. Le Premier ministre a relevé que la crise économique en Europe ajoutée, à l'impatience des jeunes sans emplois, rendra la tache du prochain gouvernement beaucoup plus difficile. Il a souligné l'importance d'attirer davantage d'investissements, rappelant « que son gouvernement a motivé tout le monde (G8, USA, pays du Golfe Arabe) pour apporter le soutien nécessaire au financement des projets programmés, dans le cadre de la stratégie arrêtée pour le prochain quinquennat». Interrogé sur la disposition du prochain gouvernement à assurer la continuité de ce programme, le Premier ministre s'est déclaré confiant que les nouveaux dirigeants assureront la continuité des objectifs tracés, notamment, pour ce qui a trait à l'absorption du chômage. Dans son intervention, Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l'UTICA a souligné que la sécurité, l'apaisement du climat social et la garantie du fonctionnement des services publics, sont les priorités les plus pressantes du prochain gouvernement. Et de préciser que, ces conditions, une fois réunies, pourront assurer le maintien des activités de production, la préservation des emplois existants et le respect des engagements avec les partenaires étrangers. La présidente de la centrale patronale a relevé que dans la perspective de mettre l'économie tunisienne sur les rails de la croissance, de l'ouverture et du positionnement à l'international, il y a lieu de réformer les systèmes de formation, d'éducation, des finances et de la fiscalité. Elle a rappelé que la pression de l'emploi, les revendications sociales et le fléchissement des investissements, sont autant de facteurs qui ont considérablement affecté les marges de manœuvre des entreprises tunisiennes. A noter que cette manifestation est initiée par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement(BERD), le Centre de Marseille pour l'intégration en Méditerranée(CMI) et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat(UTICA), dans le cadre de l'initiative «d'une transition à l'autre(T2T)». Elle tend à favoriser l'échange d'expériences en matière de transition et de réformes entre les actuels pays d'opérations de la BERD et ceux de la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen.