SFAX (TAP) - L'économiste koweïtien et directeur du département de l'économie islamique à l'Université du Koweït, Mohamed Amine Kattan a appelé à la formation, au sein des universités tunisiennes et arabes en général, de cadres spécialisés dans l'économie et la finance islamiques. L'objectif ciblé est, d'après l'expert, de promouvoir la finance islamique en tant "qu'alternative aux modèles existants qui ont montré leurs limites face aux crises internationales". L'économiste, qui participait, à Sfax (Tunisie), à une rencontre sur "la finance islamique et les opportunités de réussite pour la Tunisie", a fait remarquer que les pays arabes "gagneraient beaucoup à lancer des études développées sur les sciences économiques traditionnelles et les sciences modernes dans les domaines de la finance islamique". Ces études permettront de tirer profit des solutions offertes par l'économie islamique. Car, l'expérience mondiale a montré, a-t-il dit, que "le recours aux lois de la Chariâa (loi islamique) en ce qui concerne les transactions économiques, est en mesure de mettre fin à la crise financière qui ébranle les marchés mondiaux en raison de la manipulation et des pratiques spéculatives". L'adoption des fondements de l'économie et la finance islamiques et de leur éthique "est aujourd'hui recommandée par plusieurs experts et économistes dans le monde", a-t-il ajouté. Ceux-ci les considèrent en tant "qu'alternatives aux modèles économiques existants", lesquels ont montré leurs faiblesses face aux crises successives. En Tunisie, la finance islamique a fait l'objet d'une grande polémique, notamment, après l'introduction d'un régime fiscal spécifique à ce type d'activités financières dans le cadre de la loi de finances pour l'exercice 2012. De nombreux économistes estiment que cette mesure ne figure pas parmi les priorités du pays. D'autres experts considèrent, au contraire, que la promotion de la finance islamique en Tunisie permettra aux banques tunisiennes, qui exercent dans un marché restreint, d'évoluer et d'attirer des capitaux étrangers. Dans le monde, les actifs des banques islamiques connaissent une croissance soutenue. Leur croissance (les actifs) en 2010 est estimée à plus de 28 pc contre une croissance de 7 pc pour les actifs des banques conventionnelles. Les prévisions tablent sur une croissance d'environ 5 milliards de dollars US, de la valeur de la finance islamique dans le monde, et ce, sans compter les activités des compagnies d'assurance et des sociétés d'investissement. Sur le plan national, les opportunités de développement de cette activité (Finance islamique) sont multiples d'autant plus que la finance islamique ne représente que 2,2 pc du total des actifs des banques tunisiennes contre 100 pc en Iran, 61 pc en Arabie Saoudite et 42 pc aux Emirats Arabes Unis (EAU). Seulement trois banques islamiques sont actives en Tunisie: "El Baraka", "Noor Bank" (non résidente) et "Zitouna", créée en 2010.