TUNIS (TAP)- Une équipe de recherche tuniso-française a entrepris un projet de recherche sur la géographie et la sociologie des élections de l'Assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011. L'analyse de la géographie et de la sociologie électorale permettent de « mieux cerner le profil et les comportements des bases électorales des différents partis », peut-on lire dans la présentation de ce projet. Il s'agit aussi selon les termes du projet « d'analyser les clivages profonds de la société tunisienne, en particulier lorsqu'elles ont une dimension territoriale et de comprendre les processus sociaux qui influencent les choix électoraux ». L'analyse préliminaire de ce projet de recherche a été présentée lors d'un séminaire organisé les 16 et 17 mars à Tunis sur le thème "Démocratie et territoires: Les enseignements de l'élection à l'Assemblée nationale constituante tunisienne". Le séminaire a été marqué par deux temps : Une partie consacrée à la présentation du contexte sociopolitique de la révolution jusqu'aux élections de l'Assemblée nationale constituante. Des chercheurs et acteurs institutionnels et de la société civile ont exploré la dimension territoriale du vote tunisien. L'hypothèse formulée étant que la géographie des résultats du scrutin du 23 octobre 2011 exprime les inégalités de développement et de structures socio-économiques. Les participants ont eu également à discuter des comportements électoraux : « expriment-ils une résurgence du régionalisme, un renouvellement du sentiment identitaire, une exacerbation des conflits de classe, un clivage renforcé entre courant moderniste et courant religieux ?».- Le but en est d'étudier l'articulation entre les différentes dimensions : socio-économiques, socio-historiques, culturelles et politiques. Dans une deuxième phase, l'approche méthodologique de la recherche et les pistes d'approfondissement de l'analyse ont été au centre d'un atelier de travail qui s'est penché sur l'étude de la géographie électorale à plusieurs échelles : gouvernorat, délégations, échelle fine des lieux de vote, ainsi que sur les matériaux d'enquête (questionnaires et entretiens auprès des électeurs et des élus). L'analyse préliminaire du projet de recherche s'est basée sur les résultats du rapport de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) sur le déroulement des élections de la Constituante, ainsi que sur le Recensement général de la population et de l'habitat de l'Institut national de la statistique (INS) de 2004. Superposer les données relatives aux variables socio-économiques avec les résultats du scrutin du 23 octobre permet de cerner les comportements et les résultats électoraux, explique le chercheur belge Gilles Van Hamme (Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces- LADYSS) qui coordonne ce projet de recherche avec la sociologue et Directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) Alia Gana. Le président de l'Observatoire tunisien de la transition démocratique (OTTD) Hamadi Redissi, co-organisateur de ce séminaire, a souligné l'importance de connaître les variables socio-économiques de la population électorale pour approfondir la réflexion sur la sociologie électorale et prévoir les échéances futures. « Au delà du débat idéologique entre modernistes et traditionalistes; laïcs et religieux et des interprétations de type culturel, de croyance ou de conviction, il y a lieu de se baser sur les constantes structurelles d'un pays, d'une circonscription pour comprendre les comportements électoraux », a-t-il lancé. Cela entend l'étude de la pyramide des âges, le rôle de l'industrie, la nature rurale, côtière d'une circonscription etc. « Si Nous nous orientons vers une démocratie stable et ininterrompue, nous aurons besoin de savoir qui vote pour qui, où et pourquoi pour ne pas avoir de surprises », a-t-il justifié.