Voici une manifestation qui ne manque d'intérêt pour les étudiants tunisiens. En effet, le CEDEJ du Caire, l'IRMC de Tunis, LADYSS et ESO, se proposent d'organiser des journées doctorales à l'intention des étudiants engagés dans une recherche doctorale en sciences humaines et sociales, dont les questionnements s'inscrivent dans le champ thématique et méthodologique de ce que l'on nomme désormais communément "développement durable". Pour celles et ceux qui sont intéressés par ce sujet, ils seront amenés à procéder à une «Approche comparative dans les recherches sur le Maghreb, le Proche et Moyen-Orient», nous apprend le site web mediaterre.org. Pour ce faire, quatre thèmes sont proposés, visant d'une part à offrir aux responsables de thèses et à leurs doctorants, des options de choix thématiques appropriés à leurs travaux, et contribuant d'autre part à reconstruire et à décliner la problématique du "développement durable" autour de quatre préoccupations majeures et actuelles du Monde arabe et de l'Orient méditerranéen, à l'épreuve du temps : l'avenir de l'expansion spatiale urbaine ; la modernité du milieu rural et naturel ; le renouvellement international des modèles de développement ; le "développement durable" comme outil de l'action publique, support de l'implication des populations et/ou objet de recherche. Toujours selon la même source, ces journées doctorales, outre la visée première de formation des jeunes chercheurs, «s'inscriront dans un objectif de connaissance du développement des sociétés du Maghreb puis du Proche et du Moyen-Orient dans leurs relations notamment avec la "communauté" méditerranéenne». Ensuite, mediaterre.org précise que, projet d'Union pour la Méditerranée oblige, «ce second objectif sera doublé d'une troisième volonté en relation avec les actuelles velléités de mise en place d'une Union pour la Méditerranée (UPM)». Ainsi, les organisateurs estiment qu'en invitant des jeunes chercheurs travaillant sur des territoires situés de part et d'autre de la Méditerranée, l'enjeu est bien de confronter sur de mêmes objets et questionnements, et autour d'effets de comparaisons ou de miroirs, des "situations" différentes au sein du Monde arabe, du Maghreb méditerranéen au Proche et Moyen-Orient. Par ailleurs, du côté du CEDEJ du Caire, l'IRMC de Tunis, LADYSS et ESO, le concept "développement durable" (DD) n'est pas aisé à appréhender. Ces organismes rappellent d'abord l'origine de la notion : «Il s'agit d'une notion forgée dans le cadre de la Conférence de Rio en 1992 par les décideurs nationaux et par les organisations internationales autour des questions d'environnement. Elle s'est par la suite étendue à la complexité du développement des sociétés en intégrant progressivement comme moteurs de la "durabilité", des processus d'ordre économique, social et culturel». Autant dire donc que «l'on a affaire à une notion politiquement construite pour devenir pragmatiquement fonctionnelle. Elle est ainsi devenue un élément du langage international utilitaire au même titre que d'autres tels que la "gouvernance", le "développement territorial", voire en Europe la "culture d'entreprise" ou le "développement des compétences"». A partir de là, on insiste sur le fait que, 'il entre dans le projet épistémologique des sciences sociales (quelle que soit la spécialité disciplinaire qu'elles empruntent) de ne pas prendre "au mot" cet outil de la décision publique, de ne pas en faire un "objet" de recherche à part entière et, dans un premier temps, de déconstruire la notion en dévoilant ses usages, son champ sémantique, comme les thématiques qu'elle permet d'atteindre''. Et CEDEJ, l'IRMC, LADYSS et ESO de poursuivre : ' Avec toute la vigilance et la veille scientifiques requises, il conviendra de se demander quel sens et quelle utilité revêt cette notion ?''. Avec raison d'ailleurs, car «d'une part, géopolitiquement, la "durabilité" évoquée n'a pas le même sens dans les pays dits "développés" (où il s'agit de conserver des ressources) et dans ceux dits "en développement", voire "en transition" (où il s'agit de s'approprier des ressources), ou encore dits "émergents" (où il s'agit de prendre le "relais" des pays développés et de faire fructifier de nouvelles ressources)». Ensuite, plusieurs interrogations : 'quelles représentations institutionnelles l'investissent ? S'agit-il de fonds financiers à capter tant pour les acteurs publics que privés (entreprises) ? Une exigence juridique de démocratie favorisée par la délégation des Etats aux collectivités locales ? Une incitation des populations à prendre en main l'avenir et à s'impliquer dans la maîtrise du développement des ressources régionales, nationales, planétaires ?... Existe-t-il d'ores et déjà, à ces questions, des éléments de réponses que pourraient apporter les chercheurs en s'appuyant sur leurs expériences de terrain ? ---------------------------- A propos du CEDEJ, l'IRMC, LADYSS et ESO CEDEJ : Centre d'étude et de documentation économiques et sociales. Il s'agit d'un centre de recherche pluridisciplinaire en sciences sociales, dont les travaux portent sur l'Egypte et le Soudan contemporains. IRMC : Institut de recherche sur le Maghreb contemporain est un des 27 instituts français de recherche à l'étranger (IFRE). Créé à Tunis en 1992, placé sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE), mais aussi depuis 2000-, du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, du ministère de l'Education ainsi que du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dont il constitue une unité mixte (USR 3077), l'institut a vocation à contribuer au développement de la recherche en sciences humaines et sociales sur le Maghreb. LADYSS : «Dynamiques sociales et recomposition des espaces» est un laboratoire pluridisciplinaire associant deux disciplines principales, la géographie et la sociologie et quatre sites. Elle est contractualisée avec quatre universités Paris 1, Paris 7, Paris 8 et Paris X Nanterre (université de tutelle), et rattachée à deux sections du Comité national de la recherche scientifique, la section 39, «Espaces, Territoires, Sociétés» (section principale), et la section 36 «Normes et Règles». Sa direction est assurée depuis le 1er Janvier 2003 par un sociologue, Jean-Paul Billaud, directeur, et par un architecte, Frédéric Pousin, directeur adjoint depuis 2006. ESO : Espaces géographiques et Sociétés est une unité de recherche en géographie sociale qui regroupe cinq laboratoires de l'ouest de la France : le CARTA à Angers, le CRESO à Caen, le GREGUM au Mans, le CESTAN à Nantes, le RESO à Rennes (organigramme 1.6Mo).