TUNIS, 18 fév 2010 (TAP) - La crise financière mondiale a métamorphosé la cartographie du textile-habillement et favorisé l'émergence de nouvelles tendances de consommation, de distribution et de production. Désormais, l'ère de l'hyper-consommation et du «sur- marketing» est bien révolue pour faire place à un nouveau mode d'achat plus exigent quant à la qualité et plus respectueux de l'environnement et des conditions de production. Seules les entreprises, qui miseront sur la qualité totale, l'innovation, la transparence et la traçabilité des produits, tireront leur épingle du jeu. Ce sont là, les principales conclusions du séminaire organisé, jeudi, à Tunis, sur « le textile-habillement, conjonctures et perspectives nationale et internationale 2010 », par le Centre technique du textile (CETTEX) avec le concours de la Fédération nationale du textile (FENATEX) et le Centre de promotion des exportations (CEPEX). Ce séminaire, auquel ont pris part des experts tunisiens et étrangers, a fait le point des répercussions de la crise internationale sur le secteur textile-habillement dans le monde et en Tunisie et d'identifier les meilleures solutions de reprise. Les participants au séminaire ont été unanimes pour souligner que la crise a eu des effets, en amont et en aval, sur la filière. La crise a ainsi changé le comportement aussi bien des consommateurs qui se veulent, dorénavant, des acheteurs internautes plus « intelligents » et plus respectueux de l'environnement et des donneurs d'ordre, qui, pour leur part, cherchent à s'approvisionner au moindre coût et à préserver, ainsi, des marges bénéficiaires. Cette nouvelle démarche telle que présentée par M. Gildas Minvielle, responsable de l'observatoire économique de l'Institut français de la Mode (IFM), a favorisé l'émergence de nouveaux modes d'approvisionnement, voire de sourcing (Asie) au détriment du sourcing de proximité traditionnel (bassin méditerranéen). A titre indicatif, les importations d'habillement de l'Union européenne (UE) en provenance de la Tunisie et du Maroc, ont régressé en 2009, pour réaliser des valeurs respectives de l'ordre de 2326 millions d'euros (-14%) et 2135 millions d'euros (-17 pc), tandis que celles en provenance de pays asiatiques tels que la Chine et Hong Kong ont cru pour atteindre une valeur totale de 27 101 millions d'euros (+4 pc). Le Bengladesh et l'Inde ont réalisé à leur tour d'excellents scores, respectivement, 5424 millions d'euros (+14 pc) et 3965 millions d'euros (+5 pc). Côté perspectives, M. Dominique Jacomet, directeur général de l'IFM a affirmé que le processus de «convalescence » sera différent d'une région à une autre. Les prévisions pour 2010, tablent sur un «redémarrage lent » pour l'Europe ( +1,5 pc), principal fournisseur et client de la Tunisie, et une sortie plus vigoureuse pour les Etats unis d'Amérique (+2,7 pc) et les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) (+2,1 pc). Ces mêmes estimations prévoient une sortie retentissante pour les pays émergents (Chine, Inde, Brésil et Russie), avec un taux de croissance prévisionnel moyen de l'ordre de 7,4 pc. Cette performance, le conférencier l'explique par la tendance de ces pays à migrer de l'activité export vers la stimulation de leur consommation domestique.