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La célèbre philosophe française Barbara Cassin, auteure du "Vocabulaire européen des philosophies, dictionnaire des intraduisibles", le 13 avril à la BNT
Tweet Share TUNIS (TAP) - La philosophe et politologue française Barbara Cassin animera le 13 avril un débat d'idées à la Bibliothèque Nationale de Tunis sur le thème «Quant les langues nous aident à philosopher ». Comment aborder les problèmes philosophiques du point de vue des langues? Comment les difficultés que l'on rencontre lors de la traduction nous permettent-elles de mieux comprendre les différences philosophiques entre aires linguistiques ? Autant de questions aussi complexes que passionnantes seront les principales réflexions auxquelles répondra Barbara Cassin, docteur ès lettres en philosophie et directrice de recherche (Centre Léon Robin de Recherche sur la pensée antique, CNRS-Paris IV Sorbonne), au cours de cette nouvelle conférence du cycle de débat d'idées organisé par la Bibliothèque Nationale de Tunis, l'Institut de recherches sur le maghreb contemporain (IRMC) et l'Institut français de Tunisie (IFT). Pour illustrer ses propos, Barbara Cassin s'appuiera essentiellement sur le "Vocabulaire européen des philosophies, dictionnaire des intraduisibles", considéré comme "une entreprise audacieuse qui réunit plusieurs philosophes et traducteurs de toutes origines autour de ces petits mots, les "intraduisibles", qui prouvent en permanence que, "d'une langue à l'autre, mots et concepts ne sont pas superposables". Habitée par l'idée que la philosophie doit être abordée comme une science dynamique et non figée, Barbara Cassin estime ,dans cet Ouvrage réalisé sous sa direction ,que "l'expérience de l'efficacité du langage est liée à celle de la différence des langues". C'est de là qu'est née l'idée d'un dictionnaire de type nouveau, où les problèmes philosophiques seraient instruits du point de vue de la difficulté de traduire. Ainsi, aidée d'une centaine de chercheurs placés sous sa direction, elle entreprend dans les années 1990 la rédaction d'un dictionnaire qui regroupe le vocabulaire des grands concepts philosophiques européens. Le Dictionnaire des intraduisibles voit le jour en octobre 2004. Le point de départ, note-t-elle est "une réflexion sur la difficulté de traduire en philosophie". C'est-à-dire, une réflexion sur les intraduisibles, à entendre non pas comme des termes qui n'ont jamais été traduits ou que l'on ne pourrait pas traduire, mais comme des mots, voire des expressions, des tours syntaxiques ou grammaticaux, qui posent problème dans le passage d'une langue à l'autre". De ce point de vue, le "Vocabulaire européen des philosophies, Dictionnaire des intraduisibles" s'inscrit dans le cadre du "maintien de la pluralité, en rendant manifeste à chaque fois le sens et l'intérêt des différences, seule manière de faciliter réellement la communication entre les langues et les cultures". S'attachant à penser la philosophie en langues, et voir ce que cela changeait dans les manières de philosopher, Barbara Cassin, auteure de Google-moi en 2007, explique que dans l'une des ses interviews à la presse étrangère "L'espace européen a été dès le départ le cadre de ce travail. Le Vocabulaire a de ce fait une ambition politique : faire en sorte que les langues de l'Europe soient prises en compte, et pas seulement d'un point de vue patrimonial comme on préserve les espèces menacées». En effet, il a l'ambition de "constituer une cartographie des différences philosophiques européennes, en capitalisant le savoir des traducteurs. C'est un instrument de travail d'un type nouveau, indispensable à la communauté scientifique élargie qui cherche à se constituer, en même temps qu'un guide de l'Europe philosophique pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs, les curieux de leur langue et de celle des autres. Cette oeuvre collective dirigée par Barbara Cassion, "qui se bat contre la paupérisation de la culture et de la recherche"", a mobilisé autour d'une équipe scientifique d'une douzaine de personnes, plus de 150 collaborateurs, avec des domaines de compétences linguistiques et philosophiques les plus variés. L'ouvrage, d'environ 9 millions de signes, compare sous quelque 400 entrées plus de 4 000 mots, expressions, tournures dans une quinzaine de langues européennes (principales langues considérées : hébreu, grec, arabe, latin, allemand, anglais, basque, espagnol, français, italien, norvégien, portugais, russe, suédois, ukrainien). Tweet Share Suivant