Tweet Share TUNIS (TAP) - Près de 30 mille personnes ont manifesté, lundi soir, à Tunis, dans une ambiance festive pour réclamer la protection et la promotion des acquis de la femme et l'institution d'une égalité effective entre hommes et femmes dans la nouvelle Constitution. La manifestation, qui célèbre le 56ème anniversaire du Code du statut personnel (CSP), a été autorisée et encadrée par les forces de l'ordre. Elle a démarré environ deux heures après la rupture du jeûne à la place 14 janvier à Tunis et s'est dirigée vers l'Avenue Mohamed V où les manifestants se sont rassemblés devant la place des droits de l'Homme, scandant des slogans appelant à une égalité totale entre hommes et femmes. En même temps, à l'intérieur du Palais des congrès un grand rassemblement de femmes, hommes et jeunes a eu lieu en présence de députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC), d'hommes de théâtre et de cinéastes. Les principaux organisateurs du rassemblement sont l'Association des femmes démocrates (ATFD), la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), le Parti républicain, la Voie démocratique et sociale et le parti "Appel de la Tunisie". Un représentant de ce collectif a procédé à la lecture d'une déclaration qui réclame l'"égalité effective et inconditionnelle des droits et devoirs entre hommes et femmes". Les signataires de cette déclaration mettent en garde en "cette étape constitutive" contre ce qu'ils qualifient d'une "nouvelle régression et de possibles retours en arrière sur les acquis de la femme", appelant à la mobilisation pour la levée des réserves à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. L'élue du Parti républicain à l'ANC Maya Jribi, a mis en cause "ceux qui s'acharnent aujourd'hui sur le Code du statut personnel et le modèle de société et tentent d'écarter la femme de la vie publique". Ce rassemblement, a-t-elle lancé, est un "message historique" pour ceux là. La cinéaste et élue du groupe démocratique à l'ANC Salma Baccar, a déclaré pour sa part "on ne peut plus avoir peur aujourd'hui pour les droits de la femme après ce rassemblement". Le film de Salma Baccar "Fatma 75" et la représentation d'un acte de la pièce de théâtre de Raja Farhat "Bourguiba..Dernière prison" ont meublé le programme festif du rassemblement. A Sfax, plus d'un millier de manifestants ont parcouru les principales artères de la ville, réclamant l'institution du principe de l'égalité hommes-femmes. La représentante de la section de l'ATFD à Sfax Nemaa Nssiri, a déclaré à la correspondante de TAP dans la région que "la notion femme partenaire et complémentaire de l'homme dans l'article 28 du projet de la nouvelle Constitution sous-tend une atteinte aux acquis de la femme tunisienne". La célébration de la fête de la femme se déroule cette année sur fond de polémique entre le gouvernement, dominé par les islamistes d'Ennahdha, et les militants des droits des femmes inquiets des menaces qui pèsent sur les droits des femmes en Tunisie. Plusieurs ONG et partis politiques appartenant à la mouvance progressiste ont qualifié le projet de l'article 28 de la Constitution comme une régression par rapport aux attentes de la femme tunisienne qui aspire à une égalité totale et sans équivoque. Il s'agit aussi selon les composantes de la société civile d'une remise en cause d'un projet de société qui s'est construit volontairement et de manière progressive par les Tunisiens depuis l'Indépendance. L'article 28 qui énonce "une complémentarité entre l'homme et la femme" avait été qualifié par certains constituants "comme une maladresse de rédaction" d'autant plus qu'il se présente en porte-à-faux avec l'article 22 du même projet de Constitution énonçant clairement "l'égalité" entre l'homme et la femme. Tweet Share Suivant