WASHINGTON, 16 juin 2010 (TAP) - Le président américain Barack Obama a comparé la marée noire souillant le golfe du Mexique à "une épidémie" que son pays combattra "pendant des mois et même des années" et affirmé que cette "tragédie" montrait que "le temps d'adopter les énergies propres est venu". Intervenant mardi soir depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche pour un discours solennel consacré à "la pire catastrophe écologique" de l'histoire des Etats-Unis, Obama a promis de tout faire afin d'aider les sinistrés et s'est engagé à obtenir du groupe pétrolier BP qu'il paie pour les dégâts occasionnés. Peu avant, les autorités américaines avaient révisé à la hausse le volume de brut déversé chaque jour depuis huit semaines par le puits de pétrole endommagé par l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon. Au total, entre 300 et 500 millions de litres d'hydrocarbures se seraient déversés dans l'océan. "Contrairement à un tremblement de terre ou à un cyclone, ce n'est pas un événement ponctuel qui provoque des dégâts en quelques minutes ou quelques jours", a remarqué Obama au cours d'un discours télévisé de 17 minutes. Les quantités de pétrole "répandues dans le golfe du Mexique ressemblent plus à une épidémie, que nous allons combattre pendant des mois et même des années", a-t-il ajouté. Mais "ne vous y trompez pas: nous combattrons cette pollution avec tout ce que nous avons, et aussi longtemps qu'il le faudra", a juré Obama, quelques heures après être revenu d'une tournée de deux jours sur les côtes de trois Etats du Golfe. Il a ainsi annoncé avoir autorisé le déploiement de 17.000 membres de la Garde nationale pour lutter contre la marée noire et appelé les gouverneurs des Etats touchés à les mettre au travail "le plus vite possible". Le président américain, qui doit rencontrer mercredi à la Maison Blanche le président de BP, a affirmé que "nous ferons payer BP pour les dégâts que cette entreprise a provoqués". Il a aussi confirmé qu'il allait ordonner à BP de créer un fonds d'indemnisation indépendant afin de dédommager les victimes de la marée noire. "Je l'informerai qu'il doit mettre à disposition toutes les ressources nécessaires pour dédommager les travailleurs et les entrepreneurs qui ont été les victimes de l'inconscience de cette entreprise", a martelé Obama à propos du dirigeant de l'entreprise britannique. Mais le président américain, qui plaide depuis sa campagne électorale pour une indépendance énergétique des Etats-Unis et un développement des énergies "vertes", a aussi affirmé que la marée noire montrait que "le temps d'adopter les énergies propres est venu". "Le moment est venu (...) de se lancer dans une mission nationale pour libérer l'innovation américaine et de s'emparer de notre propre destin", a-t-il ajouté, comparant cette entreprise aux efforts consentis par l'industrie américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, ou encore au programme spatial des années 1960. "L'approche que je n'accepterai pas est celle de l'inaction", a lancé Obama, alors qu'une loi sur l'énergie et le climat est bloquée au Sénat, après avoir été adoptée en des termes différents par la Chambre des représentants. il a affirmé qu'il ne reviendrait pas sur son moratoire de six mois sur le forage en eaux profondes tant que ne seraient pas connues les causes de l'accident de la plateforme qui a provoqué la marée noire du golfe du Mexique. "Je sais que cela pose des difficultés aux personnes qui travaillent sur ces plateformes", a dit Obama. "Mais au nom de leur sécurité et au nom de la région tout entière, nous devons connaître les faits avant d'autoriser la reprise du forage en eaux profondes", a insisté Obama, qui a été critiqué ces derniers temps par des dirigeants et des employés du secteur pétrolier des Etats du sud des Etats-Unis craignant de perdre leurs moyens d'existence. Obama a créé une commission de sept membres sans affiliation politique, regroupant des scientifiques, des écologistes et des experts pétroliers pour tenter de trouver les causes de l'explosion et du naufrage de la plateforme Deepwater Horizon fin avril au large des côtes de Louisiane. Le président américain a annoncé la nomination d'un responsable chargé du rétablissement à long terme des zones sinistrées par la marée noire. "J'ai demandé à Ray Mabus, le secrétaire à la Marine, un ancien gouverneur du Mississippi, un enfant du Golfe, d'élaborer un plan de rétablissement à long terme aussi vite que possible", a déclaré le président Obama . "Au-delà de l'indemnisation à court terme des habitants du Golfe, il est manifeste que nous avons besoin d'un plan à long terme pour rétablir la splendeur unique et la luxuriance de cette région", a ajouté Obama. "La marée noire constitue le dernier coup dur essuyé par un territoire qui a déjà souffert de multiples désastres économiques et de décennies de dégradation écologique", a dit le président américain, expliquant que la région "ne s'était pas remise" des passages dévastateurs des cyclones Katrina et Rita en 2005. Le président Obama a indiqué que le plan serait conçu au niveau des Etats, des communautés locales, des pêcheurs, des entreprises ou encore des habitants du Golfe.