TUNIS, 24 oct 2010 (TAP) - La place que les femmes d'affaires occupent en Tunisie constitue une preuve manifeste du progrès accompli par le pays sur la voie de la promotion des droits de la femme. Ce progrès est le résultat des multiples législations, initiatives et mécanismes décidés dans le cadre d'une approche fondée sur le principe affirmant que "les droits de la femme sont indissociables des droits fondamentaux de l'homme". En Tunisie, la femme qui représente 30 pc de la population active en 2010, contribue activement, à l'heure actuelle, à l'impulsion de l'oeuvre de développement et la réalisation des objectifs ciblés. Il s'agit, dans ce contexte, de réaliser un taux de croissance économique de plus de 5 pc par an, de créer des sources de revenus, de porter le revenu par personne à 5000 dinars, de réduire le taux de pauvreté à 3,8 pc et de limiter le taux de chômage à moins de 14 pc. La position privilégiée qu'occupe la femme tunisienne au plan économique est, aujourd'hui, un témoignage éloquent de son rôle sans cesse grandissant dans la réalisation du processus de développement intégral. Pour preuve, le nombre total des femmes chefs d'entreprise en Tunisie (FCE) est estimé à 18 000, exerçant dans les secteurs de l'artisanat (11 pc), des services (41 pc), de l'industrie (25 pc) et du commerce (22 pc). L'accès de la femme au monde des affaires ne date pas d'hier. En effet, depuis les années 70, la femme tunisienne est entrée dans la dynamique des affaires d'une manière organisée. Elle doit ce passage aux diverses mesures d'incitation décidées en sa faveur, lesquelles mesures marquent le début d'une nouvelle ère, celle de la femme responsable, la femme dirigeante et chef d'entreprise. Cette tendance s'est encore consolidée au cours des deux dernières décennies au vu de l'intérêt accordé par l'Etat aux promoteurs économiques, à l'initiative privée et à la création de projets fiables. La politique, adoptée dans ce cadre, a ainsi encouragé la femme tunisienne à conquérir, sans la crainte d'aucune forme de discrimination, le monde des affaires. La Tunisie a mis en place un environnement approprié pour stimuler l'initiative privée, et ce, à travers les structures d'appui à la création d'entreprises, les centres d'affaires, les pépinières d'entreprises, l'essaimage, les structures d'accompagnement financier, outre les avantages fiscaux et douaniers. Sur le plan institutionnel, les législations tunisiennes qui ont accordé, depuis 50 ans, à la femme le droit de contracter ont fait l'objet de la considération des organisations et instances internationales. Ces réglementations favorisent l'égalité entre la femme et l'homme concernant la création de projets et l'obtention de financements et d'incitations. La femme tunisienne a ainsi accédé, avec audace et ferveur, au monde des affaires grâce à cet arsenal de mesures. Cette conquête a favorisé l'émergence d'une nouvelle génération de femmes chefs d'entreprises jeunes d'une part, et s'intéressant à de multiples secteurs d'activités, d'autre part. La majorité des femmes chefs d'entreprise sont en effet des quadragénaires, selon une étude élaborée par la Chambre nationale des femmes chefs d'Entreprise (CNFCE). Les diplômées du supérieur montrent un engouement certain pour la création de projets, notamment, dans le cadre du partenariat université-entreprise. La femme tunisienne investit dans plusieurs domaines: les technologies de l'information et de la communication (TIC), les services, le consulting, la publicité, l'audiovisuel, les logiciels, les bureaux d'études). Selon la même étude, sur les FCE en Tunisie, la plupart des chefs d'entreprises sont des femmes mariées ayant au moins deux enfants (70 pc). Ceci confirme que la femme tunisienne est capable, contrairement aux préjugés, de concilier vie familiale et vie professionnelle. L'étude montre également que plus de 74,5 pc des FCE ont un niveau supérieur et plus de 87 pc d'entre elles ont réussi à réaliser leurs projets sans compter sur le patrimoine familial. Selon la même étude, les entreprises gérées par des femmes sont caractérisées par une productivité plus élevée, une politique de financement réfléchie, un positionnement stratégique adapté à la conjoncture économique et une capacité de maîtrise des TIC. Une autre étude élaborée, en 2008, par le centre CAWTAR dans le cadre du partenariat régional sur les femmes chefs d'entreprises en Tunisie, aux Emirats Arabes Unis, en Jordanie, au Bahreïn et au Liban, place les FCE tunisiennes au premier rang en matière de création d'opportunités d'emploi. En dépit de ces atouts, la femme chef d'entreprise en Tunisie est encore confrontée à plusieurs problématiques. Parmi celles-ci figurent la faible adhésion aux différentes programmes de soutien (programme de mise à niveau, en particulier, sous-exploitation des opportunités d'exportation et absence d'un système comptable et financier efficient). Les autorités concernées veillent à palier ces insuffisances en mettant l'accent sur le développement des modes de gestion des entreprises gérées par les femmes et en favorisant leur ouverture sur l'environnement économique régional et international. Des efforts sont également consentis pour garantir une meilleure implication des femmes dans les domaines technologiques (marketing, gestion informatique, création de sites web), d'autant qu'elles prêtent un intérêt croissant à l'exportation de leurs productions à l'instar des logiciels de gestion et d'autres destinés aux enfants. La CNFCE joue un rôle de premier plan dans ce domaine à travers l'action dans le cadre du partenariat avec le FAMEX (Fonds d'Accès aux Marchés Extérieurs). Ces deux acteurs oeuvrent de concert pour aider les femmes promotrices de projets à commercialiser leurs produits, à exporter davantage et à intensifier leur participation aux manifestations à l'étranger. Selon les observateurs, le rôle dévolu aux femmes chefs d'entreprise dans le développement économique se renforcera davantage à la faveur de la ferme volonté politique et partant de la conviction qu'il n'y a pas de progrès et de développement sans la participation de la femme.