HAMMAMET, 28 avr 2011 (TAP) - "La révolution tunisienne: les enjeux de la transition démocratique et le rôle de la société civile", est le thème de la 14ème édition du forum international de la revue "Réalités" ouverte, mercredi après-midi, à Hammamet-Sud. Ces assises ont été marquées par la participation de personnalités politiques, de militants de droits de l'homme, de journalistes, d'économistes et d'universitaires tunisiens et européens. "La Tunisie est devenue, grâce à la réussite de sa révolution, une destination privilégiée dans le monde entier", a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Mouldi Kefi à l'ouverture des travaux. Notre pays, a-t-il dit, accueille, quotidiennement, des personnalités politiques et diplomatiques, venues prendre connaissance "de cet exploit glorieux, riche en significations et en valeurs universelles". Grâce à sa révolution, a-t-il estimé, la Tunisie est parvenue à rejoindre les pays épris de démocratie et qui aspirent à instaurer une culture sociétale fondée sur la justice, la transparence et la répartition équitable des richesses. La Tunisie ne demande à ses partenaires étrangers "ni aide ni assistance", a-t-il soutenu. Il s'agit plutôt du besoin d'un traitement égalitaire et réciproque. Le changement des mentalités des partenaires de la Tunisie augure d'un avenir radieux au profit de l'ensemble des Tunisiens, a-il estimé. Prenant la parole, le ministre hongrois des affaires étrangères, invité d'honneur du forum, a salué le courage du peuple tunisien qui a réalisé une révolution qui s'est imposée en tant que modèle de justice et de démocratie dans le monde entier. Comme ce fut le cas de pays qui ont déjà connu la révolution, dont la Hongrie, la transition démocratique en Tunisie fait face à de grands défis dans la mesure où le pays est appelé à consolider le pluralisme tout en oeuvrant à réaliser la concorde sociale. Il a appelé à assurer les équilibres nécessaires en vue d'accélérer la réforme politique tout en préservant la stabilité dont a besoin la société et l'économie du pays. L'Europe, a-t-il dit, est appelée à contribuer au processus de transition que connaît la Tunisie dans la mesure où cette expérience aura un impact sur le monde entier et l'ensemble de la région arabe prônant un nouveau partenariat entre la Tunisie et l'Europe. Pour sa part, le conseiller spécial du président du groupe de la Banque africaine de Développement (BAD) a assuré du soutien de la BAD à la Tunisie «partenaire historique» de la banque, a-t-il dit. Il a cité, à cet égard, l'appui aux programmes de renforcement de l'infrastructure et d'intégration régionale et la lutte contre les disparités régionales, conformément aux priorités fixées par le gouvernement tunisien. La Tunisie, pays riche par ses compétences, a-t-il soutenu, dispose de toute la confiance de la BAD. En dépit des difficultés, la Tunisie est parvenue, a-t-il estimé, à honorer ses engagements financiers envers la Banque. "Nous sommes conscients de l'importance des défis auxquels est confrontée la Tunisie" a affirmé le responsable de la BAD, soulignant que la Banque ne ménagera aucun effort en vue de contribuer à la relance de l'économie tunisienne. De son coté, l'Ambassadeur et chef de la Délégation de l'Union européenne en Tunisie, M. Adrianus Koetsenruijter a indiqué que le défi majeur lancé à la transition démocratique en Tunisie est l'élection de la Constituante, mettant l'accent sur le rôle des composantes de la société civile dans ce processus. Afin de parvenir à instaurer une coopération fructueuse entre les pays de la rive Nord et de la rive Sud de la Méditerranée, il convient, a-t-il affirmé, de promouvoir le partenariat euro-méditerranéen et de dépasser la question de l'émigration clandestine. L'Union européenne est prête, a-t-il estimé, à apporter l'aide nécessaire afin de relancer l'économie tunisienne, de promouvoir le partenariat dans les domaines de la politique, de l'enseignement et de la promotion de la société civile. La révolution tunisienne, a observé Mme Souhir Belhassen, présidente de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme( FIDH) est désormais un fait marquant de l'histoire. Elle a toutefois fait remarquer qu'il reste encore un grand travail à faire afin que cette révolution réalise ses objectifs et puisse relever les défis qui se posent. La Tunisie, a-t-elle dit, qui évolue dans un monde en pleine mutation, est appelée à faire face aux tentatives visant à freiner son processus démocratique. Les partenaires occidentaux doivent prendre conscience de l'ampleur des changements survenus dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée. La Tunisie a droit à un appui européen semblable à celui offert à l'Europe de l'Est. M. Mohamed Ghazi Ben Tounes, membre du conseil de la Fondation WAITO a cité la note de février de l'Institut of international Finance (IIF) intitulé "Tunisia: Short-term challenges, long terme opportunities" qui a chiffré l'impact de la révolution sur l'économie tunisienne. "L'instabilité politique régnant depuis le 14 janvier coûtera cher en 2011", a-t-il indiqué. Cet expert international a toutefois relevé en substance que "L'économie tunisienne a un énorme potentiel de croissance caché que la révolution démocratique a libéré". La Tunisie a-t-il estimé, a les ressources humaines et entrepreneuriales nécessaires. La propagation de la révolution dans les autres pays de la région va favoriser l'intégration régionale permettant ainsi l'accès à des matières premières et à des ressources financières importantes, a-t-il conclu. De son coté M. Senen Florensa, président du comité exécutif de l'institut européen méditerranéen a exprimé son admiration pour la révolution tunisienne qui a contribué a-t-il dit, à la diffusion des valeurs de liberté, de démocratie. Elle a aussi apporté un changement du paysage politique dans l'ensemble des pays arabes. Cette révolution a-t-il précisé a participé à l'ancrage d'une nouvelle réalité fondée sur les valeurs de justice sociale, la participation à la vie politique, une répartition équitable des richesses et la rupture avec la dictature et l'extrémisme. Le président du forum de "réalités", Taieb Zahar a souligné, dans son allocution de bienvenue, que depuis de nombreuses années le forum international de Réalités s'est fixé pour objectif d'aménager un espace de dialogue et d'échanges constructifs. Cette 14eme édition, a-t-il fait remarquer, se tient «sans tabous et loin de toute pression». Le forum international de Réalités, qui se poursuivra durant trois jours, abordera différentes thématiques à savoir: "Les enjeux de la transition démocratique"; "Le réveil des peuples, des sociétés sud-méditerranéennes: le cas de la Tunisie"; "Vers un nouveau pacte pour la démocratie, le développement et la sécurité dans l'espace euro-méditerranéen".