La Tunisie, le seul pays à réussir sa transition démocratique, est un exemple pour le reste du monde musulman. Malgré cela elle reste l'un des plus grands pourvoyeurs de Djihadistes étrangers en Syrie ? Dans la soirée du vendredi dernier, on a assisté à un terrible spectacle sur le plateau de « Andi mankolek » présenté sur la chaine Elhiwar Ettounsi, qui a frappé les esprits. L'histoire de Fédia, dont la peine semble longue à guérir, car elle illustre l'ampleur des drames causés par son mari kamikaze. « Je m'en remets à Dieu, se confie-t-elle, et c'est à Lui que je m'adresse pour châtier ces hérétiques qui m'ont pris mon mari et accablé ma famille. Qu'ils subissent le châtiment suprême… (Hasbi Allah w Naâm el Wakil) », hurle-t-elle comme un animal blessé. Fédia, c'est la femme d'un kamikaze parti faire la guerre périlleuse en Syrie. À 18 ans portait déjà le niqab et épousé un salafiste alors qu'elle n'était qu'une lycéenne adolescente. Elle revient sur le parcours de vie de son mari. C'était un naïf enfançon, confie-t-elle, qui a grandi dans la pauvreté et la piété. Il était si zélé dans sa scolarité qu'il obtint son titre d'ingénieur et devint chef de service dans une société. « Sur un coup de tête il quittera son poste de cadre pour s'installer à son propre compte à Kairouan et développer une activité florissante. Un jour et sur autre un coup de tête, il décide de rejoindre la racaille terroriste, vandale, démolisseuse, violeuse, égorgeuse et pilleuse, nommée Daech ». Elle semble ignorer la manière et la rhétorique idéologique des fanatiques pour convaincre son mari et lui faire accepter l'issue fatale d'une funeste mission. Comment peut-on convaincre un homme d'aller au-devant d'une mort certaine ? s'interroge Fédia. Après avoir subi le « bain idéologique et une préparation idéologique de grande ampleur temps en milieu fanatiques dans les mosquées à Kairouan, dit-elle, il enfile la robe de terroriste et prend la route sombre du jihad, prêt à mourir pour une cause qui n'est pas sienne. « Je suis abasourdie, j'ai tout fait pour le convaincre de quitter le djihad. Je lui disais de rentrer dans son pays natal, il répondait comme fasciné par le suicide : on se reverra au Paradis… » Et quelques jours plus tard, Fédia a appris que son mari a été irrémédiablement touché aux épaules et ne pourra plus porter les armes. Les hautes autorités djihadistes l'ont alors inscrit dans la liste des mutilés et réformés de la guerre, destinés à porter le gilet bourré d'explosifs pour de funestes opérations suicides. Obéissance aveugle à la hiérarchie oblige, un jour, elle a lu à la Une des journaux les gros titres portaient sur l'attaque kamikaze d'une mosquée à Bagdad, tuant 54 fidèles chiites et blessant 35 autres, dont l'auteur n'est autre que son mari. Les déboires de cette jeune veuve et mère de deux enfants ne font que commencer. « Ils ont anéanti toute ma famille. Le terrorisme me fait vivre dans l'accablement, l'amertume, l'anéantissement, et l'humiliation sociale. J'ai l'impression de vivre un cauchemar depuis 2012 ». Et de poursuivre : « Je suis privée de mes droits civils parce que je suis la femme d'un terroriste ». Mise au ban de la société, je ne me sens plus dans ma patrie. Je n'ai ni emploi ni moyen de subsistance et je ne peux imaginer un avenir pour moi-même ni pour mes enfants qui se souviendront longtemps des crimes barbares commis par leur père ». Contrainte de prendre un deuxième mari, ce dernier se sentant incapable de reprendre l'affaire familiale, fuit un mois après le mariage. Et les Tunisiens qui, d'habitude viennent spontanément se mobiliser pour sauver des familles, n'ont manifesté aucune compassion pour cette épouse « qui savait beaucoup trop de choses » comme l'a laissé entendre sa belle-mère qu'elle a interpelée à l'émission.