La Tunisie a subi, encore une fois, une dégradation de sa note souveraine, par l'agence Moody's. L'agence de notation américaine a dégradé, mardi 23 février courant, la notation souveraine du pays, de B2 à B3, tout en maintenant les perspectives de cette notation à «négatives». L'universitaire, Abdelkader Boudriga, a précisé que « suite à cette nouvelle dégradation, l'accès aux marchés financiers internationaux va devenir plus difficile et plus coûteux. Cette dégradation aura aussi, un impact sur les investissements internationaux, que ce soit les investissements directs étrangers où les investissements en portefeuille, car les fonds d'investissements étrangers vont réajuster leurs portefeuilles en fonction de la nouvelle dégradation». Cette dégradation pourrait également, selon lui, affecter indirectement, la parité du dinar car elle va affecter les flux de capitaux destinés à la Tunisie. Boudriga a, en outre, mis en garde contre une persistance du laisser-aller actuel. «Il faut avoir conscience qu'on s'est gravement rapproché de la notation C (Obligation spéculative de très mauvaise qualité, niveau de risque de crédit très élevé). Une nouvelle dégradation serait catastrophique». De son côté, le président de la CONECT, Tarek Cherif a estimé que « la dégradation de la note souveraine de la Tunisie par Moody's était attendue, car en économie rien n'est laissé au hasard, tout est calculé et tout pourrait être anticipé ». « C'est une conséquence de la crise multidimensionnelle dans laquelle sombre le pays depuis plusieurs années. Nous avons alerté à maintes fois, quant aux dangers liés à cette situation qui risque de mener le pays vers le scénario grec ou libanais, mais aucune suite n'a été donnée à nos alertes et aucune réforme n'a été mise en place », a-t-il déploré. Et de continuer « la situation en Tunisie est telle qu'on n'est plus capable de boucler nos lois de finances, car les dépenses dépassent de loin les ressources. Même le recours à l'endettement auprès des banques locales, qui se fait souvent au détriment de l'investissement et des entreprises, car il assèche la liquidité sur le marché, est loin de combler les gaps budgétaires. Et avec une note aussi dégradée et face aux engagements non honorés avec le FMI, même les sorties sur le marché international vont être très coûteuses ». «C'est la Tunisie qui avait sollicité l'aide du FMI au départ. Le Fonds monétaire international ne nous a rien imposé. Si nous sommes incapables de tenir nos engagements avec cette institution, il faut s'attendre à des complications pareilles. Aujourd'hui, la situation est très délicate », a-t-il amèrement conclu. Rappelons que selon Moody's, la décision d'abaisser la note souveraine de la Tunisie est essentiellement motivée, par ses craintes quant à la capacité du pays à poursuivre le processus de réformes ayant trait essentiellement à l'assainissement budgétaire et à la restructuration du secteur public.