« Nous ne soignons pas uniquement un organe ou une pathologie. Nous soignons une personne. Une femme. Une mère. Une épouse. Une professionnelle. Une citoyenne. » C'est ainsi que commence le témoignage fort et inspirant d'une spécialiste tunisienne engagée dans une approche globale du soin, notamment dans le traitement du cancer. Dans son parcours médical, elle traite des patientes atteintes de cancers nécessitant des chimiothérapies, radiothérapies ou immunothérapies. Mais rapidement, elle réalise une chose essentielle : la médecine ne peut pas se limiter à des traitements médicaux ou chirurgicaux. Le malade n'est pas une statistique, ni une case dans un protocole. « À la faculté, on nous apprend à diagnostiquer, à traiter, à opérer. Mais on ne nous apprend pas à voir le patient dans sa globalité humaine. » En discutant avec ses patientes, elle se rend compte que la maladie n'affecte pas seulement le corps, mais aussi la psychologie, la famille, le couple, le travail, la vie sociale. Certaines femmes racontent leur détresse face à un employeur peu compréhensif, des troubles du sommeil, des problèmes conjugaux, ou encore leur peur de perdre leur place dans la société. C'est ainsi qu'est née l'idée d'un accompagnement holistique, une « maison du soin », où les femmes sont soutenues sur tous les fronts : social, juridique, nutritionnel, psychologique, physique. « Il faut aider ces femmes à comprendre leurs droits face à la sécurité sociale, à faire face à leur employeur, à protéger leur image d'elles-mêmes, à se nourrir autrement, à bouger, à retrouver leur énergie... » Ces actions sont menées collectivement par un groupe de professionnelles issues de plusieurs spécialités médicales, rassemblées par une même vision : replacer l'humain au centre du soin. Ce projet est né à Tunis, mais il dépasse aujourd'hui les frontières. Il s'ouvre à d'autres pays d'Afrique, où des collaborations se mettent en place pour créer un réseau de solidarité féminine et médicale. « Pourquoi toujours se tourner vers l'Occident ? L'Afrique aussi a des compétences, une humanité, une énergie à partager. Nous avons des choses à offrir, des choses à apprendre. » À travers cette démarche, il ne s'agit pas seulement de survivre à la maladie, mais de vivre pleinement après elle, plus forte, plus consciente, plus ancrée dans la vie. Ce combat, porté par des femmes pour les femmes, pourrait bien redessiner les contours de la médecine de demain.