Les capitales européennes connaissent depuis plusieurs jours une intensification des démarches diplomatiques et des mesures concrètes à l'encontre d'Israël, en réaction à l'escalade militaire dans la bande de Gaza, aux massacres de civils et au blocus empêchant l'acheminement de l'aide humanitaire. Ces mesures ciblent aussi bien des colons que des responsables israéliens, et incluent la suspension d'accords ainsi que le gel de négociations commerciales. L'idée de sanctions collectives prend de plus en plus d'ampleur au sein de l'Union européenne. Royaume-Uni : sanctions ciblées et suspension des ventes d'armes Le gouvernement britannique a annoncé, mardi 20 mai 2025, des sanctions contre plusieurs colons et entités liées à la colonisation en Cisjordanie. Dans le même temps, Londres a suspendu les exportations d'armes vers Israël pouvant être utilisées dans la bande de Gaza, qualifiant cette décision de "sérieuse et significative". Le Royaume-Uni a également gelé les négociations en cours concernant un accord de libre-échange avec Israël. Lors d'une séance à la Chambre des communes, le ministre des Affaires étrangères David Lammy a vivement critiqué le comportement d'Israël, accusant Tel-Aviv de bloquer l'accès à l'aide humanitaire et de cibler des hôpitaux et des travailleurs humanitaires, affirmant que ces actes constituent une violation du droit international. Il a averti que d'autres mesures pourraient suivre si la situation ne changeait pas. Espagne : un tournant politique majeur au Parlement Le même jour, le Parlement espagnol a voté en faveur d'une motion demandant l'interdiction des ventes d'armes à Israël, en réaction à ce que les partis initiateurs ont qualifié de "guerre génocidaire" à Gaza. Ce texte, soutenu par les groupes Sumar, Podemos et la Gauche républicaine de Catalogne, a été adopté malgré l'opposition du Parti populaire et du parti d'extrême droite Vox. Bien que non contraignante, cette résolution marque un tournant dans la politique espagnole. La ministre de la Défense Margarita Robles a confirmé que les exportations d'armes vers Israël sont suspendues depuis le 7 octobre 2023. Le Premier ministre Pedro Sánchez a également appelé à exclure Israël des événements culturels internationaux tels que l'Eurovision. Suède et Norvège : pression diplomatique et appels aux sanctions La ministre des Affaires étrangères suédoise, Maria Malmer Stenergard, a annoncé que son pays œuvrerait au sein de l'Union européenne pour imposer des sanctions à l'encontre de ministres israéliens. De son côté, le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, a déclaré que la Norvège poursuivait ses consultations avec ses partenaires en vue d'adopter des mesures incluant des sanctions économiques, afin de faire face aux violations israéliennes dans la bande de Gaza. Union européenne : vers une remise en cause des accords avec Israël À Bruxelles, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a demandé une révision de l'accord d'association entre l'UE et Israël. Selon elle, une majorité d'Etats membres soutient cette initiative. Des sources indiquent que 17 pays ont approuvé la révision, contre 9 qui s'y sont opposés. Cette remise en cause pourrait ouvrir la voie à d'éventuelles sanctions commerciales si Israël ne respecte pas ses engagements en matière de droits humains. Le ministre des Affaires étrangères néerlandais, Caspar Veldkamp, a notamment appelé à réévaluer l'article 2 de l'accord, qui conditionne la coopération au respect des droits fondamentaux. France : soutien à la révision de l'accord d'association Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a affirmé que la France soutient pleinement la révision de l'accord de partenariat entre l'Union européenne et Israël, et a appelé la Commission européenne à examiner si Israël respecte ses obligations. Un sommet décisif attendu à Bruxelles Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UE doivent se réunir prochainement pour discuter de plusieurs dossiers, au premier rang desquels figure la guerre à Gaza et les moyens d'y répondre collectivement. L'Europe face à l'épreuve des principes Ces mesures traduisent une évolution significative dans les positions européennes vis-à-vis d'Israël, après des mois de pressions populaires et d'appels des ONG à réagir aux massacres commis à Gaza. Si certaines capitales restent prudentes, l'ampleur des crimes et la détérioration humanitaire pourraient bien conduire l'Europe à adopter une position plus unifiée et résolue dans les semaines à venir. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!