Lors d'une récente intervention à l'Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Gafsa, Rachdi Nasri a dressé un diagnostic sans concession sur la situation socio-économique de la région minière de Gafsa. Avec un chômage atteignant 25 %, 18 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté et un indice d'attractivité régionale très faible, la zone souffre d'infrastructures défaillantes et d'un environnement fortement dégradé. Ce constat illustre selon lui la "malédiction des ressources", un concept économique selon lequel les régions riches en ressources naturelles affichent souvent un niveau de développement inférieur aux autres. À Gafsa, les politiques publiques ont privilégié la paix sociale immédiate par des recrutements massifs dans la compagnie de phosphate, au détriment de l'environnement et du développement économique diversifié. « Nous avons créé des distorsions durables : découragement de l'esprit entrepreneurial et déclin du secteur non minier », déplore Nasri. Le nombre de 35 000 jeunes candidats pour un concours en 2020 illustre, selon lui, la dépendance excessive à l'emploi public et la fragilisation de l'initiative privée. Une feuille de route en six piliers Face à ce constat, Nasri propose une rupture du modèle actuel, avec une feuille de route en trois phases : contractualisation avec toutes les parties prenantes, lancement de projets pilotes et passage à l'échelle pour une transformation durable. Le principe clé : redistribuer la richesse de manière transparente pour financer la diversification économique et la réhabilitation environnementale. « Transformer Gafsa prendra du temps et nécessite avant tout une volonté politique et un courage institutionnel », a-t-il insisté, concluant par une question forte : "N'est-il pas temps de transformer la malédiction en bénédiction ?"
