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La promotion de la région de Gafsa et de son bassin minier
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 06 - 2015


Par Mohamed Abdennadher *
La situation socioéconomique dramatique de la région de Gafsa en général et du bassin minier en particulier ne date pas d'aujourd'hui. Les événements sanglants de Redeyef de 2008 n'ont pas été suivis d'une politique de développement.
Les habitants du gouvernorat de Gafsa n'ont pas bénéficié d'un flux de retour financier en compensation des revenus engendrés par l'exploitation du phosphate. Les dirigeants sont restés sourds à l'égard des doléances exprimés par les habitants du bassin minier et incapables d'imaginer des solutions durables aux innombrables problèmes. L'Etat doit prendre des engagements de solidarité envers les populations des cités minières, en reconnaissance de tout ce qu'elles ont donné à la nation depuis le début de l'exploitation des minerais de phosphate. Une partie des bénéfices (10 %) engendrés par cette activité devra leur être octroyée de droit.
L'approche classique de réduction d'un chômage structurel qui consiste à organiser de temps à autre des concours de recrutement ou de création d'emplois factices est vouée à l'échec. Il est temps d'imaginer un nouveau modèle de développement économique et social qui profitera à tout le gouvernorat de Gafsa qui sera basé sur l'activité industrielle et sur les autres secteurs d'activités (agriculture et services).
L'activité minière reste un enjeu majeur pour le développement socioéconomique actuel de la région de Gafsa. Néanmoins, la restructuration du secteur minier pose la question cruciale du devenir du secteur des phosphates et de la reconversion du bassin minier.
La mutation d'une région minière sinistrée vers une région en voie de progrès n'est pas chose aisée. Cela concerne tous les aspects du développement régional : infrastructures, aménagement du territoire et urbanisme, diversification des activités économiques, environnement, développement des ressources humaines. Les habitants du bassin minier attendent une amélioration tangible et réelle des conditions et de la qualité de vie, de l'emploi, du bien-être social.
Nous proposons quelques réflexions qui peuvent être intégrées dans un programme de développement destiné à la région de Gafsa en général et au bassin minier en particulier.
1- Création d'une ville nouvelle.
Le site proposé se trouve à mi-chemin entre les deux villes de Gafsa et Métlaoui sur la RN3. Il occupera une superficie de 300 hectares sur des terrains de faibles aptitudes agricoles. Sa situation est remarquable puisqu'elle se trouve au milieu de trois villes (Gafsa, Métlaoui, Mdilla). La ville nouvelle, qu'il faudrait lui donner un nom, comptera à terme 30.000 habitants, ce qui est suffisant pour assurer un équilibre entre l'habitat et l'emploi, offrir une gamme complète de services aux entreprises et aux ménages permettant d'attirer le surplus de la croissance démographique des trois villes de Gafsa et des deux villes minières proches (Métlaoui et Mdilla).
La ville nouvelle ouvrira des perspectives prometteuses d'investissement pour la région. Elle sera bien équipée (établissements scolaires, universitaires, de santé, complexe sportif et culturel,...) et constituera un pôle d'emplois attractif pour les habitants de la ville de Gafsa et des villes de Métlaoui et Mdilla et atténuera le problème du sous-emploi dans la région.
Pour les entreprises industrielles et de services, la ville nouvelle représente une offre maîtrisée de terrains aboutissant à la création d'un véritable tissu économique diversifié, innovateur et performant. Les entreprises et les ménages ont désormais une perception qualitative de l'espace. Elles vont bénéficier d'un cadre de vie exceptionnel aménagé et équipé de commerces et de services de proximité propices au développement des relations sociales.
Cette ville nouvelle prépare l'adoption d'un nouveau modèle économique qui ne sera plus basé uniquement sur le phosphate et contribuera ainsi à la diversification des activités créatrices de richesses, de bien-être et de valeurs.
2- L'amélioration des infrastructures, des équipements et des logements dans le bassin minier
Les infrastructures concernent des réseaux divers et des équipements. La modernisation des infrastructures constitue la base de la réhabilitation économique et sociale. Néanmoins, le coût total de l'entretien et de création des diverses infrastructures s'avère très élevé. Ils requièrent donc l'intervention des pouvoirs publics selon une programmation planifiée et échelonnée. La réhabilitation des logements doit être entreprise.
Nous recommandons la création d'une nouvelle route qui reliera la ville nouvelle à la ville de Mdilla. Pour les autres propositions, il suffit de se référer aux études d'aménagement entreprises par la DGAT, en particulier l'étude « Schéma directeur d'aménagement de la Zone sensible du bassin minier de Gafsa, 2009 » et l'étude « Schéma directeur d'aménagement de la région économique du Sud-Ouest, 2007 ».
3- Aménagement d'une zone d'activités
Cette zone d'activités sera intégrée à la ville nouvelle. Elle doit respecter les exigences d'un développement durable (consommation d'eau et d'énergie, gestion des déchets, limitation de la pollution...) et offrir un lieu aménagé qui attire les investissements directs étrangers et locaux.
La superficie de la zone d'activités sera de 50 hectares, ce qui permet des économies d'échelle. Derrière cette option se dégage l'idée de l'existence d'un tissu industriel riche et varié. Le bon fonctionnement de l'activité industrielle nécessite l'existence dans la zone industrielle de services liés à l'industrie et des activités qui l'accompagnent. Il est conseillé que les industries de la zone d'activité soient de nature et de taille différentes, établissant entre elles des relations fortes.
4- La diversification des activités économiques
La dépendance à l'activité minière et l'hyperspécialisation économique de la région ont entraîné un développement limité des autres secteurs d'activités.
La région de Gafsa accuse un grand déficit de PME. Le taux de création de PME/PMI est très faible. A cela s'ajoute le mode de développement de l'activité minière basé sur le modèle de mono-activité, limitant de fait le développement de toutes les autres activités. Il est crucial de déconnecter le sort et l'avenir des habitants du bassin minier à celui de la CPG. Il est donc primordial de diversifier la base économique régionale de sorte que le secteur des phosphates perd de sa prééminence au profit d'autres secteurs plus performants, moins polluants et créateurs de richesses.
Il est recommandé d'accompagner et soutenir les démarches des porteurs de projets industriels. L'instauration d'un guichet et d'un interlocuteur unique semble être la solution idoine pour faciliter les démarches et raccourcir les délais de création d'entreprises.
5- Développer l'enseignement supérieur, la formation initiale et professionnelle et améliorer les compétences
L'existence des instituts techniques spécialisés assurant la formation des ingénieurs et des hauts cadres; des centres de formation professionnelle assurant l'encadrement et la formation d'ouvriers spécialisés capables de s'adapter aux progrès techniques et aux innovations technologiques doivent être planifiés. Tout cela permettra l'amélioration des capacités techniques et productives des ressources humaines de la région et encouragera les investisseurs à investir dans la région. L'amélioration du niveau de compétence de la main-d'œuvre facilite son insertion dans le marché du travail. Il est recommandé de :
- Créer un institut de technologie à l'instar de l'INSAT de Tunis dans la ville de Gafsa ;
- Créer plusieurs centres de formation professionnelle, de préférence dans les domaines suivants : le bâtiment, la mécanique, l'électronique et les machines numériques ;
- Créer un lycée technique dans la ville nouvelle et dans la ville de Redeyef.
- Réhabiliter les écoles primaires, les collèges et les lycées de la région de Gafsa.
6- Limiter la dégradation de l'environnement
L'activité minière engendre des impacts négatifs et une dégradation de l'environnement physique et humain. Sont à signaler les émissions atmosphériques concernant les gaz toxiques et les poussières. Les incidences de celles-ci sur l'environnement (faune et flore) et sur les populations locales sont graves.
L'extraction minière des phosphates et sa transformation engendrent des résidus miniers stériles en très grandes quantités qui nécessitent leur confinement dans des endroits spécifiques. Ces activités ont des répercussions néfastes sur la biodiversité et sur les écosystèmes terrestres (la région d'extraction) et marins (le golfe de Gabès). Elle engendre aussi la pollution des cours d'eau et des nappes phréatiques de façon irrémédiable. Pour toutes ces raisons, un plan de sauvegarde de l'environnement s'avère nécessaire pour limiter les impacts négatifs de l'activité des phosphates.
7- Améliorer l'état sanitaire des habitants riverains des sites d'extraction minière
Les habitants qui résident dans les villes minières subissent des préjudices graves et des problèmes innombrables de santé qu'il est fastidieux d'énumérer et dont il faut absolument accorder toute l'attention et la vigilance nécessaires pour y remédier.
Les coûts de dégradation de l'environnement et de santé n'ont jamais été pris en compte dans l'analyse de la rentabilité économique et financière de l'activité des phosphates. Aussi, une étude sérieuse basée sur le modèle coûts/avantages du secteur des phosphates dans sa globalité incluant les coûts de dégradation de l'environnement et les coûts de soins des maladies engendrés par l'activité d'extraction et de transformation va aboutir à des conclusions inattendues et faire tomber le mythe de l'hyper-rentabilité du secteur du phosphate.
Pour parler de la manière la plus objective qui soit, on peut dire que le phosphate de Gafsa présente des qualités indéniables. Il se distingue par un pouvoir de dissolution élevé dans le sol et contribue à l'amendement calcaire des sols acides. C'est un phosphate sédimentaire tendre qui peut être utilisé sans broyage fin. Pour toutes ces qualités, il est très demandé dans plusieurs pays du monde.
Le secteur des phosphates occupe une place singulière dans l'économie du pays. Il a permis la création de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects. Il a été à l'origine de la création de plusieurs unités industrielles à Sfax, Gabès, Skhira et dernièrement à Mdilla. Il a procuré au pays des rentrées appréciables en devises qui ont des retombées positives sur la balance des paiements du pays. Le pays bénéficie, en outre, d'un know-how affirmé et mondialement reconnu qui est le procédé Siape.
Cependant, les qualités physiques et chimiques du minerai, ses retombées économiques et sociales évidentes ne doivent pas cacher la partie sombre de cette activité qui concerne les impacts très négatifs sur l'environnement, sur la lapidation des ressources naturelles, en particulier l'eau, sur la santé des riverains qui habitent des lieux proches des sites d'extraction ou de transformation.
Toutes ces questions ne sont pas secondaires et doivent absolument être prises en compte afin de concilier, dans la mesure du possible, cette activité avec son environnement physique et humain.
* (Expert en développement régional)


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