Ci-joint le discours de son excellence M. François Gouyette prononcé lors de la cérémonie du 14 juillet à la Résidence de France Dar El Kamila. Monsieur le Premier ministre, le président de l'ARP, les ministres, les députés, les ambassadeurs, les conseillers consulaires, chers compatriotes, chers amis, Mon épouse et moi-même sommes heureux de vous accueillir ce soir à la résidence de France, à l'occasion de la fête nationale. Permettez-moi de saisir cette occasion pour souhaiter un bon ramadan à tous ceux qui sont concernés et de remercier nos amis tunisiens de leur présence, en si grand nombre. Voilà maintenant trois années que j'ai l'honneur de servir mon pays et sa diplomatie, en le représentant ici en Tunisie. Et je me réjouis que me soit donnée l'occasion d'y poursuivre ma mission, pour une année encore, comme vous le savez. Trois années au cours desquelles mes collaborateurs et moi-même avons travaillé sans relâche à l'accompagnement de la transition démocratique et au renforcement constant de la relation franco-tunisienne. Trois années, nous le savons tous, qui ne furent pas exemptes de turbulences. Comme le disait Victor Hugo, « les révolutions sont de magnifiques improvisatrices, un peu échevelées quelques fois ». Nous en avons eu la preuve ici, en observant, depuis 2011, une transition démocratique ponctuée d'instants historiques, de grandes réussites, mais aussi d'incertitudes et de moments parfois tragiques. Et en chaque circonstance s'est manifesté le soutien indéfectible de la France. C'est à cela, je le crois, que l'on reconnait ses amis. Oui, la France est un pays ami autant qu'il est partenaire de la Tunisie. Un pays ami qui n'a eu de cesse de répondre présent tout au long du chemin parcouru ces dernières années. Qui a partagé ses doutes, ses réussites et ses drames, et a su témoigner sa solidarité, au plus haut niveau. Permettez-moi, à cet égard, de rappeler ces gestes exceptionnels. En moins de deux ans, le président de la République, François Hollande, est venu à trois reprises en Tunisie : - Pour manifester le soutien de la France à la transition en cours, en juillet 2013. - Pour célébrer, en février 2014, l'adoption de la Constitution et la naissance historique de la deuxième République tunisienne. - Enfin en mars dernier, pour dire que notre pays se tenait aux côtés des Tunisiennes et des Tunisiens, tragiquement éprouvés par l'attentat du BardoCette attaque a touché la Tunisie en son cœur. Elle a également atteint la France : parce qu'elle a malheureusement fait quatre victimes françaises, mais aussi parce qu'elle a rappelé aux Françaises et aux Français le douloureux épisode vécu par notre pays en janvier dernier, un acte inqualifiable qui a, aussi, couté la vie à des enfants de Tunisie. Le 26 juin dernier, à Sousse, la Tunisie a malheureusement été, à nouveau, victime de cette barbarie aveugle. Une barbarie qui cherche à déstabiliser le pays, en ciblant son économie. Mais au-delà, c'est bien ce qu'incarne aujourd'hui la Tunisie qui est visé : un processus de transition à bien des égards exemplaire, une adhésion sans réserve à la démocratie et à ses valeurs universelles, la coexistence de forces politiques dont le sens des responsabilités et la volonté de dialogue forcent l'admiration, l'obstination d'un peuple à tourner résolument le dos aux pages sombres de son histoire. Par cette expression la plus brutale de la terreur, l'on cherche, à n'en pas douter, à isoler la Tunisie. Eh bien soyez-en sûrs : ce sombre projet n'aboutira pas, car la France, je tiens à le dire, est et restera résolument aux côtés de la Tunisie. « La France est un partenaire loyal et elle s'engage dans la durée » : c'est ce qu'a assuré avec force le président de la République François Hollande, lors de la visite d'Etat du président Béji Caïd Essebsi en France, en avril dernier. Une visite exceptionnelle, car elle fut celle du premier président de la République démocratiquement élu de l'histoire de la Tunisie, qui nous faisait ainsi l'honneur de choisir la France pour son premier déplacement dans un pays européen. Les engagements pris à cette occasion seront poursuivis avec une détermination accrue. - Et d'abord le renforcement de notre coopération sécuritaire, décidé après l'attentat du Bardo et qui a vocation à s'intensifier dans les circonstances actuelles. Il est plus que jamais nécessaire que la France et la Tunisie s'entraident, partagent leurs expériences et relèvent ensemble le défi du terrorisme. C'est un engagement fort de notre pays, exprimé par la voix du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui est venu à Sousse trois jours après l'attentat, aux côtés de ses homologues allemand et britannique. - Nous continuerons dans le même temps à appuyer les efforts de la Tunisie en faveur du redressement et du développement économique du pays, à travers notamment la mise en œuvre rapide de la conversion d'une partie de la dette tunisienne, afin qu'elle bénéficie au plus vite à des projets de développement qui auront un impact direct pour la population. - Nous œuvrerons, aux côtés du gouvernement tunisien, à la poursuite de la consolidation de l'Etat de droit, notamment par la mise en place des instances prévues par la Constitution. - Nous poursuivrons une politique ambitieuse en soutien à la jeunesse et à la société civile, actrice indispensable du débat démocratique, dont la vitalité en Tunisie est indiscutable. Le succès des "Forums jeunesse", dont la 5ème édition s'est tenue en mai dernier, en présence de la secrétaire d'Etat au développement Annick Girardin, n'est plus à démontrer, et il n'est pas meilleur encouragement que de voir ces associations françaises, tunisiennes, et plus largement méditerranéennes, conjuguer chaque année leurs efforts. - Nous maintiendrons enfin un engagement constant en faveur des échanges culturels, artistiques, scientifiques, universitaires,… mis en œuvre par l'Institut français de Tunisie. Un Institut qui a ouvert ses portes, il y a deux mois, sur un nouveau site, dit du Petit-Carnot, un lieu chargé de mémoire pour beaucoup de Tunisiens qui y ont étudié. L'ouverture de cet espace privilégié de rencontre, d'accueil et d'échanges pour tous les amis de la France et de sa culture, au cœur de la ville, est bien un signe, s'il en fallait encore, de la confiance sans cesse renouvelée de la France en l'avenir de la Tunisie. Ce sont là les témoignages on ne peut plus concrets de cet engagement dans la durée rappelé par le président de la République en avril dernier. Un engagement qui ne sera pas démenti au gré des turbulences, bien au contraire. Car nous le savons tous, et j'ai souvent eu l'occasion de le dire, il y a, entre nos deux pays et nos deux peuples, une communauté de destins. Je souhaiterais maintenant m'adresser aux membres de la communauté française réunis ici ce soir. Mes chers compatriotes, Cette confiance en la Tunisie, que j'évoquais à l'instant, je sais que vous la partagez, quelles que soient vos activités. Mais soyez assurés que j'ai aussi pleinement conscience des craintes qui sont parfois les vôtres, à l'image de celles des citoyens tunisiens dont vous partagez la vie au quotidien. Ce sont des inquiétudes que vous avez pu nourrir au gré des aléas de la transition, depuis 2011, et qui sont sans doute plus fortes aujourd'hui, dans le contexte sécuritaire que l'on connaît. Je tiens ce soir à vous dire une nouvelle fois que cette ambassade, et tout particulièrement le consulat général, se tiennent résolument à vos côtés. L'occasion m'est d'ailleurs donnée ce soir de vous présenter le nouveau consul général, Christian Reigneaud, que je salue. N'ayez aucun doute sur la mobilisation de nos services pour œuvrer, en coopération avec les autorités tunisiennes, au renforcement de la protection des ressortissants français, qu'ils soient de passage ou résidents en Tunisie. Je sais combien vous êtes attentifs à cela. La protection des personnes, de nos entreprises, de nos établissements scolaires, vous tiennent à cœur et c'est bien légitime. M. le Premier ministre ici présent en est témoin : il n'est pas un jour sans que cette question ne soit abordée avec nos partenaires tunisiens. Je sais qu'ils ne ménagent aucun effort pour répondre à nos demandes, afin que vous puissiez envisager avec sérénité votre avenir dans ce pays auquel vous et vos familles êtes attachés. Je saisis d'ailleurs cette occasion pour remercier le gouvernement tunisien du dialogue franc, constant et confiant, que nous entretenons à ce sujet. En ces moments si particuliers, nous savons combien le rôle des conseillers consulaires est essentiel. Permettez-moi également de les saluer ce soir et de les remercier pour leur disponibilité et leur engagement que je sais exemplaires, à vos côtés. Je tiens enfin à vous transmettre les salutations, en ce jour de fête nationale, de M. Pouria Amirshai, député de cette circonscription, qui regrette de ne pouvoir être des nôtres ce soir. La France a le privilège d'être le premier partenaire de la Tunisie, une position qui nous honore, mais qui aussi nous oblige. Elle nous engage au nom du partenariat qui est le nôtre, mais, surtout, de l'amitié qui unit nos deux pays et qui ne saurait vaciller dans la tempête. Je vous renouvelle ainsi la détermination de la France à se montrer à la hauteur des défis, présents et avenir, et vous souhaite, en ce 14 juillet, une heureuse fête nationale. Vive l'amitié franco-tunisienne ! Vive la Tunisie et vive la France !