Lors de la 4ème soirée du festival Musiqat, le palais d'Ennejma Ezzahra a vibré aux rythmes d'une musique peu habituelle, la musique mystique du Nord-Est de L'Inde, celle des Fakhirs de Ghorbanga. Ce fut une découverte pour une salle entièrement remplie, prête à vivre en sons et en images une expérience originale. Communauté mystique du Bengale (aujourd'hui état de l'Inde du nord-est jouxtant le Bangladesh), les Bauls (ou Fakirs), sont largement connus pour leur chant extemporané qui révèle leur expérience spirituelle intime ; leur musique constitue à la fois leur seul moyen d'expression et un outil important sur le chemin de l'auto-réalisation. L'appellation des Bauls tire son origine du sanscrit « vatula » qui signifie « battu par les vents », et fait allusion à « celui qui s'abandonne à toutes ses impulsions, dans une forme de folie extatique ayant pour cause Dieu, et comme but Dieu encore ! » Les Bauls peuvent être considérés comme les représentants de la « religion de l'homme » dont la plus haute divinité est l'être humain. La philosophie Baul embrasse le flux positif de nombreuses religions et philosophies, tout en reconnaissant l'unité ultime de l'Être suprême dont la demeure éternelle repose dans l'homme, au cœur du cœur humain. La proportion des bâüls hindous est aussi grande que celle des bâüls musulmans. Ainsi ils échappant à toute forme d'orthodoxie, les uns et les autres vivent parfaitement intégrés dans la relation d'unité qui existe entre maître (gourou) et élève (shishya). Les Fakirs du village de Ghorbanga, qui se situe à quelques encablures de la frontière du Bengale orientale (actuel Bangladesh), se réunissent à la tombée de la nuit pour s'extérioriser divinement, et improvisent sur leurs modes et rythmes, accompagnés tout à tour à la dotara (luth à cinq cordes et à tête d'oiseau), à l'harmonium, aux jhuris (petites cymbales), au dholok (tambour) ou à la tabla, explorent loin des orthodoxies religieuses, des observances rituelles et des règles de la société villageoise.