Asma Mami Maazoun Laboratoire de biotechnologie appliquée à l'agriculture, Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie Laboratoire Ingénierie des Protéines et biomolécules actives, Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie Les antibiotiques ont permis de grandes avancées dans la médecine. L'introduction de l'antibiothérapie a considérablement réduit les maladies infectieuses qui autrefois étaient incurables. Quelques bactéries et leurs pouvoirs pathogènes associés: Depuis leurs découvertes, l'usage des antibiotiques n'a pas cessé d'augmenter. Selon une étude rendue publique par « PNAS », une revue médicale américaine, en avril 2018, la Tunisie est le deuxième plus grand pays consommateur d'antibiotiques au monde et le premier du continent africain. Cette consommation massive a provoqué l'émergence de bactéries résistantes, ce qui représente aujourd'hui un problème de santé majeur. Les données publiées par « LART », un réseau tunisien de surveillance de l'antibio-résistance, confirment une augmentation importante de la résistance bactérienne au fil des années. Pour faire face à ce fléau, l'exploration des plantes apparaît comme la piste de recherche la plus prometteuse. La Tunisie, par sa position biogéographique, offre une très grande diversité floristique. Certaines plantes (thym, romarin, ail, oignon, gingembre, giroflier…), dont les potentialités antibactériennes sont analysées aujourd'hui par les scientifiques, sont reconnues comme des remèdes naturels pour lutter contre les maladies infectieuses.
L'urginée maritime, dénommée également oignon marin, est une plante à bulbe. Cette plante présente une répartition géographique très étendue et les utilisations de son bulbe en médecine traditionnelle pour le traitement de nombreuses maladies sont répandues à travers le monde. Les herboristes du souk el Blat, l'un des souks de la médina de Tunis spécialisé dans la vente des plantes médicinales, ont mentionné quelques remèdes traditionnels préparés à partir du bulbe de l'urginée maritime, qui peut être utilisé : * sous forme de pâte, issue d'un broyage, à appliquer localement pour soulager les piqûres et les courbatures, * par inhalation contre la toux chronique, * sous forme de décocté dans l'huile d'olive pour le traitement des maladies dermatologiques. Les travaux de recherche réalisés récemment au sein du Laboratoire d'Ingénierie des Protéines et biomolécules actives de l'Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie ont mis en évidence l'activité antibactérienne de l'extrait du bulbe de l'urginée maritime. Ce dernier a fait ses preuves contre plusieurs bactéries pathogènes. Ses principes actifs ont inhibé d'une manière efficace la prolifération bactérienne en particulier celle de Staphylococcus aureus. Il s'agit d'un concentré de composés phénoliques et d'alcaloïdes, reconnus comme antibiotiques. Les plantes constitueront sûrement l'une des sources des antibiotiques de demain grâce à leurs diversités et à la créativité des chercheurs, qui se mobilisent de plus en plus pour faire face à l'émergence de super-bactéries. Encore faut-il soutenir les scientifiques afin de promouvoir la recherche et le développement de nouveaux antibiotiques ! En attendant la mise au point à l'avenir de ces antibiotiques de demain, il est important de se rappeler que « les antibiotiques ce n'est pas automatique ! ».