La Tunisie, l'Algérie, et le Maroc vont se trouver confrontés, prochainement, à la question du rapatriement d'un grand nombre de leurs ressortissants actuellement détenus sans inculpation à l'étranger, dans des prisons ou des camps mis en place pour les familles de membres de l'Etat islamique (EI, ou Daech), selon un communiqué rendu public par Human Rights Watch. A noter que la plupart des enfants sont détenus avec leur mère, mais au moins six sont orphelins. Il va sans dire que malgré que l'administration américaine ait encouragé leur rapatriement vers leurs pays d'origine, cette proposition reste tout de même ‘malvenue' et suscite une grande polémique sécuritaire, sociale et politique à la fois dans les pays du Maghreb concernés. Dans ce contexte, Mme le Juge Naïla Fekih, Vice-présidente de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme, s'est prononcée lundi dernier 18 Février 2019, en indiquant que « La Tunisie n'a pas le choix en ce qui concerne le retour des Tunisiens impliqués dans le terrorisme et revenant des foyers de tension, car il s'agit d'un engagement international, et que la constitution tunisienne prévoit le droit de tous les Tunisiens de vivre dans leur pays. Elle a indiqué également, lors d'une séance d'audition de cette commission devant la Commission de la sécurité et de la défense (commission spéciale) que les expériences de la Tunisie en matière de traitement des rapatriés des zones de combats et de conflits se résument en trois volets : 1-remettre leurs dossiers entre les mains de la Justice pour dire son mot, 2-ensuite, préparer les programmes internes les concernant en prison afin de protéger ceux qui les entourent du danger de polarisation, notamment en les éloignant des prisonniers de droit commun, 3-leur assurer les soins et l'encadrement après leur sortie de prison afin de ne pas mettre en danger la communauté. En ce qui concerne les enfants de terroristes et la façon de les traiter, Mme le juge a déclaré que les statistiques officielles indiquent qu'environ 86 enfants tunisiens de parents impliqués dans le terrorisme et bloqués dans des zones de conflit, dont le plus grand nombre se trouve en Libye et le reste réparti entre la Syrie et l'Irak, rappelant que « ils s'agit d'enfants un peu particuliers, d'autant plus qu'ils peuvent avoir été témoins d'actes de terrorisme et d'assassinats ou même été formés à ces actes… et qu'ils doivent donc être traités de manière particulière et œuvrer à développer leurs capacités. » Toute cette situation est en rapport direct avec la décision annoncée fin 2018 par le Président américain Donald Trump de rapatrier les militaires basés en Syrie. Ce rapatriement aura donc des conséquences pour les pays du Maghreb arabe, notamment l'Algérie, le Maroc et Tunisie en tête, qui vont devoir traiter le cas du retour de leurs ressortissants, prisonniers des américains après avoir combattus dans les rangs de l'Etat Islamique. Revenant sur cette question, l'association Human Rights Watch a déclaré à travers la voix de Letta Tayler, chercheuse senior sur les questions liées à la lutte antiterroriste, concernant le manque de volonté du gouvernement tunisien de rapatrier ses ressortissants que « Les préoccupations légitimes portant sur la sécurité ne donnent pas aux gouvernements le droit d'abandonner leurs ressortissants, notamment les jeunes enfants, détenus à l'étranger sans inculpation, dans des prisons et des camps sordides (…) Des enfants tunisiens sont bloqués dans ces camps, sans éducation, sans avenir et sans moyen d'en sortir, tandis que leur gouvernement semble à peine lever le petit doigt pour les aider. » Témoignages :