Revenant sur l'initiative qu'il a lancée, le journaliste Zouhaier Latif, coordinateur de la délégation de la société civile tunisienne partie en Syrie durant la première moitié, de ce mois, s'est attardé, hier, lors d'une conférence de presse, sur les difficultés et les dangers auxquels font face actuellement les Tunisiens vivant en Syrie. Pour ce qui est des résultats de cette initiative, qui se voulait apolitique et de facilitation du rapatriement des membres de la communauté tunisienne en Syrie, Latif a indiqué que les autorités syriennes ont donné leur consentement pour le rapatriement progressif de 43 prisonniers tunisiens arrêtés à la frontière turque, sans avoir participé aux combats, et ce, afin de les juger. Latif a souligné que la réaction du ministre tunisien des Affaires étrangères concernant cette affaire a été positive et qu'une réponse est attendue dans les heures à venir. Il a souligné la volonté du ministre à trouver une issue au dossier et des solutions à notre communauté en Syrie dans le cadre des canaux diplomatiques. Dans ce sens, les membres de la délégation ont affirmé avoir demandé aux autorités tunisiennes d'affréter un avion à Damas pour rapatrier les ressortissants tunisiens tout en les appelant à assumer leurs responsabilités envers leurs concitoyens. Ils ont expliqué que c'est la seule option sécurisée qui est envisageable puisque leur transfert par voie terrestre vers Beyrouth présente des risques de leur liquidation. L'issue diplomatique se présente comme la seule solution envisageable pour assurer leur retour au pays alors qu'ils vivent des moments difficiles en Syrie. Les membres de la délégation ont affirmé avoir demandé au ministre des Affaires étrangères de mettre en place une cellule de crise et d'engager les démarches nécessaires pour défendre la dignité des Tunisiens, alors qu'une autre proposition a été formulée pour ouvrir un bureau dans une ambassade d'un pays ami voisin de la Syrie afin de traiter les dossiers des familles tunisiennes résidentes en Syrie et qui sont au nombre de 1300, soit 2000 personnes en tout. Accords de principe avec les autorités syriennes Les membres de la délégation de la société civile tunisienne partie en Syrie ont été en majorité formés de journalistes à l'instar de Zouhaier Latif, Sofiane Ben Farhat et Zied El Heni, qui étaient présents à la conférence aux côtés de Dalila M'saddek, avocate, et Messaoud Romdhani, membre de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme. L'avocate Dalila M'saddek a présenté, pour sa part, les trois axes sur lesquels s'est articulée l'initiative. Le premier concerne les Tunisiens qui ont été interceptés à la frontière entre la Turquie et la Syrie et qui ne sont pas impliqués ni dans les combats ni dans les meurtres et qui comparaîtront devant la justice tunisienne. Ils vont devoir, selon un accord, déposer des plaintes contre les réseaux qui les ont subventionnés et impliqués dans le «djihad». Le deuxième axe est relatif aux Djihadistes tunisiens qui sont prêts à rendre leurs armes et qui comparaîtront devant la justice syrienne. Ils auront droit, selon l'accord de principe avec les autorités syriennes, à un procès équitable et pourront mandater des avocats tunisiens, avec la possibilité de purger leurs peines dans les prisons tunisiennes. Quant au troisième axe de cette initiative, il porte sur les femmes qui sont parties pour le «Djihad» en Syrie et dont la situation est très délicate, comme l'a souligné M'saddek. Celles qui envisagent de quitter la Syrie courent le danger d'être liquidées par les groupes de Djihadistes. Désillusion et risques majeurs Par ailleurs et en présence d'un nombre de familles et de parents des Tunisiens coincés en Syrie ou qui sont dans la zone de combat, Latif a affirmé que cette initiative a été effectuée par des composantes de la société civile tunisienne en collaboration avec un ensemble d'ONG syriennes dont l'Observatoire syrien des libertés, une association féministe et l'association Khaled Mahjoub pour les œuvres de charité. Zouheïr Latif a annoncé, par ailleurs, qu'un congrès contre la haine et le terrorisme sera organisé prochainement grâce à l'initiative de la société civile en collaboration avec la mosquée Zitouna et en présence d'une centaine de personnes venues des quatre coins du monde. Selon Mourad Maârouf, parent d'un jeune tunisien parti en Syrie depuis février dernier, la rupture des relations diplomatiques a été une catastrophe. Il s'est demandé comment peut-on autoriser un jeune à partir du pays sans passeport ? Dans ce sens, il a indiqué qu'un autre passeport aurait été donné à son jeune pour quitter le pays. Tant d'interrogations sur certaines situations de ces jeunes partis pour rallier les «jihadistes» que les familles concernées ont qualifiés de terroristes. Alors que pour sa part, Zied El Héni, journaliste et syndicaliste, est revenu sur les dernières déclarations du constituant d'Ennahdha Habib Ellouz et du leader du mouvement islamiste au pouvoir, Rached Ghannouchi. Il a attaqué les deux hommes et les a accusés d'inciter les gens, notamment les jeunes, à rallier les forces d'opposition armée syrienne. Il s'est étalé sur les risques et les dangers qu'encourent les Tunisiens impliqués dans cette guerre avec laquelle ils n'ont aucun rapport.