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Chronique, Le mot pour le dire : RABBI MA HABBICH !
Publié dans Tunivisions le 13 - 09 - 2013

« Rien n'est si fécond que l'erreur ; l'âme la produit sans culture. Déjà ses racines funestes se sont étendues de toutes parts ; elles menacent d'étouffer la raison humaine ; et, aux premiers efforts que le génie hasarde, la superstition accourt et l'épouvante ».
Chamfort, Influence des grands écrivains, p. 80
Il souffle un vent néfaste sur la Tunisie depuis l'accession de la pseudo-troïka au pouvoir. Il s'agirait, selon les « héritiers légitimes de la révolution » du 14 janvier 2011, d'une nouvelle culture – donc d'une autre axiologie, mais pas forcément nouvelle –, d'un retour aux sources, injustement condamnées par l'Etat de l'indépendance et, par conséquent, d'une réconciliation du Tunisien avec son identité séculaire. C'est là, en tout cas, ce qu'affirment les initiateurs de cette culture, qu'ils n'hésitent pas d'ailleurs de qualifier de révolutionnaire et, pour cette raison, refusent obstinément d'admettre, en dépit de tous les tourments qui désolent le paysage national, le caractère pernicieux de ce souffle prétendument novateur.
C'est dans la foulée de ce cataclysme déstabilisateur que la reprise de l'enseignement zitounien a été annoncée en grande pompe et que le pays a été littéralement livré, mains et pieds liés, à des hordes de prédicateurs venant de ces horizons désertiques lointains que les illuminés du moment tiennent pour des modèles de perfection à suivre absolument. Le plus inquiétant, c'est que, en même temps, des manifestations de violence se sont déclarées un peu partout, perpétrées par des formations pseudo-politiques d'obédience fasciste, qui se sont illustrées par leur défense acharnée du régime en place qu'ils tiennent pour le garant de la révolution dont ils se disent les défenseurs exclusifs. Dans les mosquées, des légions d'imams, à la solde du pouvoir en place, dont certains méconnaissent ouvertement l'autorité de l'Etat, se sont déchaînés contre les « mécréants » et menacent de les « liquider ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Deux leaders de l'opposition ont été assassinés à six mois d'intervalle, entre le 6 février et le 25 juillet 2013.
Les prières communes sur les lieux de travail figure parmi l'une des principales innovations de ce « vent révolutionnaire » qui continue de secouer la Tunisie depuis le 23 octobre 2011. Le ministère des droits de l'homme, via le quotidien Le Maghreb, nous a gratifiés d'un aperçu spectaculaire de cet exercice de piété, conduit par le ministre en personne et payé, bien entendu, par l'argent du contribuable. Ce genre de pratiques, instituées d'office dans la jeune « démocratie tunisienne », n'a de correspondant dans aucune autre démocratie du monde, à l'exception peut-être des monarchies, des oligarchies et des Emirats du Golfe ! Rappelons que, dans un pays comme l'Arabie Saoudite, cet acte, qui n'a de la piété que le dehors, est une obligation administrative puisque les fonctionnaires de « l'Etat » sont tenus de s'acquitter de leurs prières rituelles au cours des séances de travail réglementaire.
L'Arabie Saoudite peut se permettre ce luxe parce que, contrairement à la petite Tunisie studieuse et laborieuse, elle a les moyens de sa politique. Elle peut donc, contrairement à nous, payer ses employés qui « prient » - ou font semblant de le faire – au lieu de travailler. En cela, la monarchie wahhabite est fidèle à son essence théocratique. La Tunisie, par contre, s'obstine, par la bouche même des initiateurs de ces pratiques scabreuses, à se dire républicaine et démocratique, mais ne se gêne pas, le moins du monde, de condamner deux jeunes gens (Jabeur Mejri et Ghozi Béji) lourdement (sept années de prison ferme) pour avoir osé proclamer ouvertement leur irréligion.
Au fait, le vent pernicieux qui a soufflé, sous couvert de révolution, sur la Tunisie, au cours des deux dernières années, s'avère être un vent théocratique de la plus pure eau. Les procès d'opinion se sont multipliés sous le prétexte fallacieux de la défense du sacré. C'est au nom de ce même principe que la jeune démocratie tunisienne a toléré que des fanatiques religieux annulent, à maintes reprises, des manifestations culturelles programmées par le ministère de la culture. C'est également au nom de ce principe que des charlatans, arrogants et ignares, se sont permis, sous prétexte de contrôler la moralité publique, de semer la terreur là où le décide leur rigorisme capricieux. En moins de deux ans, la révolution tunisienne a accouché d'une multitude de monstres qui continuent, aujourd'hui encore, de désoler en toute impunité le paysage national.
Des repris de justice et des caïds de la pègre, fraîchement convertis, comptent aujourd'hui parmi les lumières confirmées du pays et se permettent de diffuser, sans le moindre contrôle, leur « science infuse », au grand public et, en particulier, aux ratés de l'enseignement qui se comptent par milliers (cent mille pour l'année en cours). L'ignorance et la superstition se consolident d'un jour à l'autre dans un pays, qui avait naguère l'un des meilleurs systèmes éducatifs d'Afrique et du monde arabo-musulman, ce qui explique qu'il ait été recensé au premier rang des pays qui alimentent les réseaux terroristes, et leurs compléments nécessaires en matière de proxénétisme et de prostitution « sacrées », actuellement en exercice en Syrie et ailleurs.
Nous avons assisté dernièrement au dernier cri dans l'art – ô combien délicat ! – de donner la piété en spectacle. Cette ingénieuse innovation, nous la devons à l'entraîneur démissionnaire de l'équipe nationale, M. Nabil Mâaloul, qui eu l'idée géniale de transformer le stade en mosquée et d'y accomplir, en compagnie de l'ensemble de sa sélection, une prière collective publique. Cet exercice, nécessaire semble-t-il pour la mise en état de l'équipe, est censé mettre le ciel de notre côté et défavoriser ainsi l'équipe du Cap-vert, laquelle, contre toutes les attentes, nous a battus à plate couture. Pour expliquer cette cinglante défaite, l'entraîneur a ressassé les sempiternelles excuses qu'avancent toujours les entraîneurs défaits avant d'ajouter qu'il aurait tout entrepris pour remporter la partie, mais que, malheureusement, rabbi ma habbich !
Indépendamment du résultat du match en question qui, à la faveur d'une décision providentielle, est passé du négatif au positif – ce qui inclinerait à penser que Dieu a fini par récompenser le zèle pieux de notre sélection nationale en lui accordant une victoire inespérée –, il importe d'attirer l'attention sur le fait que, dans les théocraties qui se respectent, tous les espaces publics, y compris les souks, les rues, les écoles, les hôpitaux, les prisons et les stades, deviennent des substituts de l'espace sacré qu'est la mosquée. Que cette hérésie ait réussi à gagner nos stades et à s'y imposer prouve, si besoin est, que les dégâts du vent pernicieux, dont nous a gratifiés la Troïka au pouvoir, a fait des dégâts considérables et que nous aurions peut-être atteint, dans la déchéance, le point de non-retour. Si on tenait compte des dernières déclarations du ministre de l'enseignement supérieur, en rapport avec la question du niqab, on se rendrait alors aisément compte que l'équipe gouvernante est déterminée à parfaire son œuvre, en l'occurrence celle de transformer la Tunisie – Toute la Tunisie – en un temple à ciel ouvert !


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