Le «Dialogue» national conduit par le quartet (Ugtt, Utica, Ltdh et Ordre des avocats) a été initié à un moment où le processus de transition démocratique se trouve confronté à de très graves difficultés (crise économique, assassinats politiques, terrorisme, crise sociale et, donc, crise politique).Les multiples cris d'alarme lancés de toutes parts montrent l'ampleur du danger qui guette le pays. La philosophie du «Dialogue national» est d'arriver à un consensus sur les grandes échéances à venir pour finaliser le processus de transition démocratique et mettre en place de nouvelles institutions et un gouvernement élu démocratiquement pour un mandat défini dans le temps. Après de très longues négociations, Enfin, la spirale du «Dialogue national» a, enfin, aboutit à l'«élection» par neuf partis sur les vingt trois qui participent à ce dialogue d'un nouveau chef du Gouvernement en la personne de M. Mehdi Jomâa. Les réactions des uns et des autres par rapport à cet aboutissement divergent. Et voilà de nouveau la tension entre consensus -sur les principes du «Dialogue» national ressassés par tous les protagonistes de la vie politique- et dissensus -sur la façon de concrétiser ces principes-. Alors quelle est la partie ou quelles sont les parties responsables de cette cacophonie politico-politicienne-médiatique ? Quels que soient les éléments de réponse qu'on peut apporter à cette question, la tournure surréaliste, grotesque qu'a prise le «Dialogue» national conduit à un triple constat. Le premier est relatif au rôle positif par les deux principales organisations socioprofessionnelles nationales (Ugtt et Utica) et par les deux principales organisations de la société civile (Ltdh et Ordre des avocats) qui ont montré un grand sens patriotique et une grande conscience des défis qui se posent à tous les Tunisiens quelle que soit leur obédience politique. C'est une première dans l'histoire du mouvement social de voir les représentants des travailleurs et les représentants du patronat travailler la main dans la main pour trouver une issue aux grandes difficultés que traverse le pays. Donc, il faut capitaliser cette expérience, la bonifier et ne pas se mettre à la dénigrer. Le deuxième constat est relatif à l'attitude de ce qu'on appelle le «Front du salut national» qui , apparemment , n'a pas toujours été aussi uni qu'on le croit. Les déclarations et des contre-déclarations des parties constitutives de ce « Front » ne sont pas de nature à lui permettre de parler d'une seule voix et de peser dans les négociations avec les parties au gouvernement. La copie politique du «Front du salut national» est à revoir pour éviter la dispersion et pour pouvoir agir sur le cours des évènements. Le dernier constat est relatif à l'attitude de la Troïka où l'on cultive un discours qui dit la chose et son contraire. En effet, les membres de la Troïka semblent user la duplicité au niveau du discours publique et de la pratique concrète et ne jouent pas cartes sur table. Ils se montrent publiquement très déterminés à faire réussir ce qui reste du processus de la transition démocratique. Or, le fait de rester au-delà des limites du temps qui leur est imparti par le mandat politique que les électeurs leur ont confié le 23 octobre 2011, les difficultés qui s'accumulent de jour en jour dans tous les domaines de la vie du Tunisien risquent de décrédibiliser l'équipe dirigeante et par extrapolation toute l'élite politique. Et donc, d'ouvrir le champ politique sur tous les possibles. Ce dont le pays a grandement besoin, c'est de voir le processus de transition démocratique aboutir le plutôt possible. C'est aussi de voir la sécurité du pays considérée comme la priorité des priorités et les Tunisiens unis autour des forces de la défense et de la sécurité nationales. Deux conditions nécessaires pour la redynamisation de l'économie et de la croissance. Loin de tout populisme. Loin de tout jeu politicien. Loin de tout calcul électoraliste.