2014. Trois ans après la révolution. Les grands idéaux de la révolution restent vivaces. Liberté, justice et dignité nationale continuent à marquer l'imaginaire politique collectif. De nouveaux défis viennent se poser devant les Tunisiens. Dont notamment ceux relatifs à la violence politique. Avec le spectre du terrorisme qui hante le pays. Ce qui est en jeu, à la veille de la célébration du troisième anniversaire de la révolution, c'est la mémoire des martyrs de la révolution, le présent des blessés de la révolution, l'horizon d'attente des Tunisiens par rapport aux objectifs de la révolution. Ce qui est en jeu aussi, c'est le devenir de la situation économique et sociale de plus en plus problématique, de plus en plus difficile. Ce qui est en jeu, c'est notamment la préparation des échéances politiques à venir (finalisation de la Constitution, mise en place d'une et l'organisation des élections démocratiques, libres, et transparentes). Cependant, il n'y a qu'à suivre les séances des débats au sein de l'Assemblée transmises par la deuxième chaîne de la télévision nationale pour comprendre que les problèmes d'Agenda et de positionnement ne peuvent pas nourrir chez les «élus du peuple» un esprit public, c'est-à-dire la subordination des intérêts partisans et personnels à l'intérêt général. Il faut engager toute une sémiotique pour déchiffrer l'alchimie qui préside à la «guerre» de déclarations, aux buts véritables poursuivis par les protagonistes, aux contradictions que recèlent les déclarations des uns et des autres. Une sémiotique à compléter par une analyse des prestations radiodiffusées des politiques dont le discours brille par le jeu des surenchères, l'esprit de polémique stérile, les fuites en avant, les guerres de chapelles. Loin des préoccupations qui tiennent le citoyen (détérioration du pouvoir d'achat, chômage, sécurité…) Au moment où le pays s'apprête à célébrer le troisième anniversaire de la révolution dans une conjoncture marquée par les menaces terroristes, il importe que l'élite politique sache faire le bilan critique de sa démarche. En gardant à l'esprit, qu'il est impossible de s'engager dans un processus de refondation nationale sans pour autant être uni contre ce qui menace la Tunisie : le terrorisme. L'urgence dans ce domaine est la réhabilitation d'un Etat fort et crédible qui serait capable d'opérer l'articulation réfléchie entre les priorités immédiates (lutte contre le terrorisme, relance économique) et le long terme. Sachons, donc, déployer les efforts indispensables pour respecter la mémoire des martyrs et ouvrir de nouvelles perspectives au pays trois ans après la révolution. Et pour donner au monde un message fort : celui d'une Tunisie unie, solidaire, composée d'hommes et de femmes libres d'esprit, bravant les corbeaux qui croassent, déterminés à faire réussir le processus de transition démocratique, aimant la vie et le pays et ne visant à rien d'autre qu'à libérer toutes les capacités créatrices de tous les Tunisiens.