A mi-chemin de son déroulement, la coupe du monde 2014 aura permis trois conclusions majeures : la flagrante défaillance de trois « favoris » du tournoi, l'éclat de deux supposées « petites équipes » et la déception causée par le grand favori de la compétition et son organisateur. Voilà donc des huitièmes de finales sans trois grands du football européen, l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie ! Est-ce à dire que le vieux continent est en train de redistribuer autrement ses cartes footballistiques et que le sport roi soit en perte de vitesse dans ces pays où les équipes continuent pourtant de connaître des jours heureux ? Il y a tout lieu de le croire et de se demander surtout si la Belgique est en passe de retrouver du tonus pour reprendre place à l'avant-scène de ce sport, comme dans les années 80, et si la Grèce, malgré son élimination face au Costa Rica, peut déjà rêver encore du trône européen qu'elle a connu en 2004. Et puis, il y a le Costa Rica ! Voilà bien une équipe qu'on attendait peut-être le moins à ce niveau de la compétition, mais qui n'en a pas moins réalisé sa meilleure performance historique dans cette coupe du monde ! Ce team a séduit et impressionné même si d'aucuns mettent au compte de la chance sa victoire contre la Grèce. Que veut-on dire par là ? Que la Grèce a mieux joué ? Peut-être ! Mais la victoire va toujours du côté des plus réalistes et des plus efficaces. Les Hollandais (sur lesquels Johan Cruyff n'est pas prêt à parier) sont prévenus, qui les retrouveront en quat de finale, tout comme l'avaient été les Allemands face à l'Algérie, l'autre grande performance de l'équipe maghrébine qui bat un autre record de la participation des pays arabes dans la plus illustre compétition footballistique. Il aurait fallu de peu, vraiment de peu, et l'Algérie aurait été dans les quarts de finale de la coupe du monde 2014, au détriment de l'Allemagne même. D'aucuns se demande encore si l'arbitre était vraiment de bonne foi en ne faisant jouer que 40 secondes des deux minutes du temps additionnel en fin de la seconde prolongation. L'équipe algérienne était en ce moment-là chauffée au point malgré les deux buts encaissés, en répliquant vite par un très beau but et en menaçant sérieusement le camp adverse avant que le sifflet ne se pressât d'annoncer prématurément la fin de la partie. Qu'importe ! C'est la règle du jeu, mais la performance de l'équipe algérienne demeurera héroïquement inscrite dans ces finales de la coupe du monde, un peu comme celle de la Tunisie en 1978, avec l'effet du temps qui sépare les deux dates. Reste alors ce Brésil, quelque peu ou même par trop méconnaissable et décevant, pour le grand favori qu'il a toujours été et qu'il reste encore et pour le grand favorisé qu'il est en tant que pays organisateur. Je me suis demandé à ce propos, après le match d'ouverture, si cette équipe, qui nous avait sorti ce jour-là le mode de jeu au « folklore brésilien », avait les moyens techniques de cette tactique, comme c'était le cas du Brésil 1970 et sans doute un peu celui de 1982 quand Johan Cruyff disait : « La coupe est brésilienne même si le Brésil ne remporte pas la coupe ». La première fois l'Italie a fait les frais du système de jeu brésilien et la seconde, elle a pris une revanche que d'aucuns jugeaient contre le jeu. On le sentait donc, déjà lors du match d'ouverture, même si celui-ci est largement gagné, que le Brésil n'était pas tout à fait à point pour son système de jeu caractérisé, faute d'assez de virtuoses de la technique de balle, capables de réussir au moment opportun les constructions géniales du football d'improvisation. Il y a certes Neymar, considéré à juste titre comme l'un des dix joueurs légendaires du brésil, mais une étoile ne fait pas le printemps. C'est d'ailleurs ce qu'a souligné l'autre légende du siècle, celui élu "Athlète du siècle" par le Comité International Olympique et meilleur joueur mondial du siècle par la FIFA, le roi Pelé qui prévenait que le Brésil manque d'attaque et qu'il ne peut pas compter sur le seul Neymar. On en a eu la preuve au premier match nul du Brésil, mais cela s'est surtout confirmé en huitième de finale face à une impressionnante équipe du Chili qui a mal négocié les tirs des pénaltys de la qualification, pour le bonheur du pays organisateur qui n'a eu son match nul qu'à l'arrachée, après un jeu trop décousu pour la réputation du Brésil et pour des joueurs très peu inspirés par rapport à leurs brillants prédécesseurs. C'est pourquoi, à mon sens, même si le Brésil reste encore un favori, on pourrait déjà parodier la phrase de Johan Cruyff en 1982, on dirait alors aujourd'hui : « La coupe n'est pas brésilienne même si le Brésil remporte la coupe ».