La campagne orchestrée depuis quelques temps pour marginaliser le rôle du futur Président de la République est trompeuse et dénuée de tout fondement constitutionnel. N'en déplaisent aux parlementaristes zélés et aux négationnistes de tous bords, la nouvelle Constitution tunisienne, adoptée en janvier 2014, donne au futur Président de la République, assez de prérogatives pour peser sur la vie politique et assumer son rôle de chef d'orchestre et d'arbitre entre les pouvoirs exécutif et législatif. Ainsi, comme nous l'a expliqué Mohamed Amine Jelassi, universitaire et chercheur en droit : « L'étendue des pouvoirs du Président de la République va, de la définition des politiques de défense, affaires étrangères et sécurité intérieure, outre la nomination aux hautes fonctions militaires, diplomatiques et sécuritaires, celle du Mufti de la République et du Gouverneur de la Banque centrale, à côté de pouvoirs exceptionnels en cas de « péril grave menaçant l'entité nationale, sa sécurité ou son indépendance ». Le président dispose également d'un droit de réponse à la Cour constitutionnelle, celui de convocation du référendum sur les conventions internationales ou les droits et libertés et l'initiative de révision constitutionnelle qui a priorité sur les initiatives parlementaires en ce domaine. Et l'universitaire de préciser que le Président de la République préside obligatoirement le Conseil des ministres dans les domaines de la défense, des relations étrangères, de la sécurité nationale relative à la protection de l'Etat et du territoire national des menaces intérieures et extérieures, comme il peut assister aux autres réunions du Conseil des ministres. S'il y assiste, il préside le Conseil. Autres particularités contenues dans la nouvelle constitution : le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans au suffrage universel direct (art. 75) ; il désigne le candidat du parti ou de la coalition électorale arrivé en tête des élections législatives comme chef de gouvernement (art. 89). Le président de la République peut demander à l'Assemblée des représentants du peuple de procéder à un vote de confiance au gouvernement, au maximum deux fois pendant le mandat présidentiel (art. 99). En somme, les cas où le Président pourrait intervenir ou donner son avis sont vastes et s'étalent entre le domaine attribué au pouvoir législatif, (articles 62-82 et 89) et le gouvernement qui partage avec lui le pouvoir exécutif. Le choix du futur président sera déterminant pour les tunisiens tant le rôle du nouveau locataire du palais de Carthage est important pour l'équilibre des pouvoirs. Les tunisiens éliront un président arbitre, un président fédérateur et un président unificateur.