20 jours après les dernières élections présidentielles, les tractations en vue de la formation d'un nouveau gouvernement marquent le pas et la situation politique demeure tendue du fait des dissensions apparues au sein du parti victorieux opposant le clan des « Parlementaristes » soutenu par l'ex-prétendant à la primature Taieb Baccouche à celui des « Présidentialistes » mené par Mohsen Marzouk. La fracture semble consommée et de nouvelles alliances se dessinent entre l'aile gauche de Nidaa et son allié de circonstance le Front Populaire qui nourrit la même aversion envers le parti Ennahda, responsable selon eux du marasme économique actuel et de la situation sécuritaire périlleuse du pays. L'un et l'autre s'opposent farouchement à la participation du parti islamiste au prochain gouvernement Essid. « Nous devons respecter la volonté du peuple qui a exprimé son choix et il est inadmissible que les symboles de l'échec et de la mauvaise gouvernance soient reconduits dans un gouvernement de sauvetage. » Martèle un haut responsable frontiste. Sans être devin, il est difficile voire impossible au nouveau premier ministre désigné de satisfaire toutes les sensibilités d'une majorité hétéroclite et si Habib Essid veut marquer de son empreinte son passage à la Kasbah, il devra trancher en tenant compte uniquement des impératifs de cette période délicate tant sur le plan économique que social et sécuritaire. Les tunisiens ne peuvent plus des promesses et des pratiques partisanes. Ils veulent de l'action. Ils réclament du concret et exigent des compétences capables de réussir la vraie révolution : la révolution économique. Et d'après les indiscrétions de quelques proches de Dar Eddiafah, H. Essid aurait décidé de trancher et d'opter pour un cabinet restreint composé de jeunes compétences nationales plus promptes au travail de terrain et à la proximité avec les préoccupations du peuple qu'à l'idéologisme des salons feutrés et des plateaux télé. Conscient de la délicatesse de la situation, H. Essid veut travailler main dans la main uniquement avec les partis qui ont décidé de rompre au moins temporairement avec la politique de blocs, de l'isolement et de l'endoctrinement stérile. D'après lui, « On ne peut pas construire sur des rancœurs, des rancunes et des non-dits et ma manœuvre est de rallier toutes les composantes au choix du président de la république et du mien de doter le pays d'un cabinet ministériel indépendant et jeune qui aura pour seule vocation de résoudre les problèmes économiques et sécuritaires du pays. Un cabinet qui fera de la Tunisie un pôle d'attraction et une exception économique». nous a déclaré H. Essid pour qui le seul critère qui vaille est celui la compétence. Et c'est ainsi qu'il a décidé d'écarter le Front Populaire qui exige des ministères à la mesure de son poids parlementaire, El Massar qui veut monnayer son soutien à BCE et l'UPL qui exige les portefeuilles de la Finance et de la Coopération. La mission du prochain gouvernement ne sera pas politique mais économique et H. Essid compte s'entourer d'un commando de choc résolument tourné vers l'action et les fers de lance de son équipe seront la Recherche Scientifique serait confiée à l'illustre universitaire Radhi Meddeb, l'Economie et Finance reviendrait à un habitué des plans de sauvetage , le banquier Habib Karouali, le Commerce serait aux mains d'un imminent consultant de la Banque Mondiale Marouan Abassi, le Tourisme à un professionnel du secteur qui a fait toute sa carrière à la tête de l'office de Tourisme Habib Ammar, le ministère des Affaires Sociales échouerait à un jeune juriste spécialiste des questions sociales Khalil Ghariani, le ministère du Travail , de l'Emploi et de la Formation Professionnelle serait confiée à Nouri Mzid , professeur et chercheur sur l' insertion professionnelle, la flexibilité du travail,….le ministère de l'Agriculture reviendrait à Mohamed Elloumi , docteur en Agronomie , spécialiste des ressources hydrauliques et expert en développement rural, la Défense serait conservée par Ghazi Jeribi et enfin Ridha Sfar qui sera promu ministre de l'Intérieur. Les tractations continuent sur un rythme marathonien et H. Essid intensifie ses consultations avec les différents interlocuteurs pour compléter enfin son équipe de choc qui devra batailler pour relever les défis qui pointent à l'horizon.