Le mélange douteux affairisme –politique semble rattraper la nouvelle classe politique post-révolution et sans être un tantinet moralisateur et sans vouloir heurter l'âme des apôtres de la droiture et les nouveaux puritains, tout le monde sait que l'association politique et argent est toujours douteuse et qu'ils font rarement bon ménage. La multiplication des affaires, les soupçons qui pèsent sur plusieurs hommes politiques tous bords confondus et le blanchiment insolent des nouveaux nababs ne sont pas pour réconcilier le tunisien avec la politique. Présenté comme le cheval de bataille et la cause du soulèvement populaire, le clientélisme change de bord et prend d'autres formes plus subtiles et plus vicieuses. Les tunisiens ont cru naïvement qu'avec l'arrestation des Trabelsi et la fuite de Ben Ali, la Tunisie allait rompre définitivement avec l'affairisme, la corruption et le paraitre ostentatoire mais ils ont vite déchanté en constatant cette cascade d'affaires qui secouent le pays. Nonobstant l'affaire Baghdadi Mahmoudi qui a fait couler beaucoup d'encre et secoué les barons d'Ennahda, les liaisons dangereuses du CPR avec l'argent de l'ogre qatari, , les conflits d'intérêt de Slim Riahi président de l'UPL et homme d'affaires, les soupçons de trafic d'influence d'hommes d'affaires au sein du Nidaa, le train de vie luxuriant des cadors du Front Populaire et les dérives hégémoniques d'institutions comme l'IVD, le mensonge , l'opportunisme et l'affairisme sont érigés en règle chez notre nouvelle élite politique. Il ne peut y avoir de morale politique sans qu'il y ait une conscience chez les hommes politiques et les récentes doléances des députés Khaled Chaouket et Ali Bennour réclamant une augmentation substantielle du salaire des élus du peuple en dit long sur les motivations de ces imposteurs de la bienséance. Longtemps espérée, l'alternance se révèle une pure illusion et une grande supercherie. Ainsi les abus décriés au temps de la Troika et de l'ANC comme la fameuse prime de 900 DT allouée aux députés sont devenus par magie légitimes et mérités. La Tunisie est traversée par une crise morale chaotique. C'est désormais le pays des travestis de l'éthique qui substituent en toute insolence les démons de l'opportunisme, de l'égoïsme et de l'usurpation aux valeurs nobles de l'exemplarité, de l'intégrité et du mérite. Des pratiques qui s'apparentent à des coups de couteaux assenés par des profiteurs pour tuer tout espoir de construire et de rêver des vrais bâtisseurs. Le fossé est désormais profond entre la vraie élite politique patriote qui œuvre pour l'intérêt du pays et du peuple et une caste qui veut s'approprier le pays pour s'en servir et profiter indument des fastes de la République.