Depuis quelque temps, un climat délétère pèse sur la vie politique tunisienne avec une collision frontale opposant une élite politique suffisante et opportuniste à une nouvelle caste d'affairistes cupides et avides de pouvoir. La scène est affligeante et le scénario qui se trame est moralement apocalyptique. Entre des politiciens qui font preuve de futilité et de frivolité intellectuelle et des mafieux qui revendiquent haut et fort leur inculture et leur criminalité, le processus démocratique est certainement hypothéqué et on n'aura retenu de la liberté que l'infamie, la calomnie et l'imposture. Hélas au pays du jasmin, les conflits d'intérêts sont légendes et face à un Etat affaibli et une classe politique aux antipodes des attentes, les lobbies mafieux fleurissent à la vitesse du vent pour tout contrôler et peser sur le cours de l'histoire par un interventionnisme douteux. La réalité est certes aveuglante mais la mafiocratie est en train de remporter son pari. L'Etat dans toute sa force a capitulé face à l'ogre mafieux qui s'installe doucement mais surement pour exercer son pouvoir au détriment des bonnes causes, des valeurs morales, des principes démocratiques et de l'intérêt général du pays. La démission de l'Etat est actée et la mafiocratie ne craint plus d'apparaitre au grand jour et de se montrer sous son vrai visage. Un visage de cupidité, d'avidité, de mégalomanie et de schizophrénie. C'est une mafiocratie qui veut détruire les fondements de l'Etat pour faire régner son système fait de violence, d'intimidation et de corruption. Une mafiocratie qui se pavane. En tissant sa toile, en étendant ses ramifications et en plaçant ses hommes de main, elle revendique son impunité et sa totale liberté d'abuser de son pouvoir occulte. De la force des Lois, la Tunisie est passée à la loi de la Force et l'ingérence des cercles mafieux dans le processus de décision n'est plus un secret tant son empreinte est là, indélébile. Introduite dans toutes les sphères de l'Etat et utilisant à bon escient ses relais politiques et ses tribunes médiatiques, la Mafiocratie est devenue une faiseuse de Roi par excellence capable de propulser ses pions au firmament du pouvoir et d'abattre et de bâillonner ses adversaires susceptibles de freiner son ascension. Elle a imposé sa propre morale et ses propres règles et personne ne peut résister hélas à ce tsunami qui risque d'emporter sur son passage les nobles valeurs de la méritocratie, de l'intégrité, éducation, du patriotisme et de l'honnêteté. C'est un triste cheminement que prend la Tunisie et son jasmin légendaire risque de se transformer en épines vénéneuses si ses hommes intègres, patriotes et libres n'accomplissent pas leur devoir moral et historique de s'opposer farouchement à cette perversité intellectuelle et à cette insolente imposture car l'idéal démocratique dont ils partagent les idéaux et les principes risque de s'effondrer au profit de l'idéal mafieux fait de barbarie, de violence et de cupidité.