Depuis 58 ans exactement, chaque 8 février, les gouvernements tunisien et algérien commémorent conjointement des événements survenus à Sakiet Sidi Youssef, relevant du gouvernorat du Kef, victime de bombardements intenses menés par l'armée française, dans le cadre de la guerre d'Algérie. Néanmoins, les nouvelles générations des deux pays n'ont pas cherché à savoir ce qui avait poussé les autorités françaises, à l'époque, de prendre une telle décision contre l'humanité. Nous revenons aujourd'hui sur trois faits qui ont précédé le bombardement de ce petit village tunisien situé dans une zone frontalière avec l'Algérie, et qui auraient probablement accéléré la prise de décision du côté français ou bien servi de prétextes pour mener des frappes aériennes meurtrières. -Le 2 Janvier 1958, un accrochage s'était produit à la frontière, lors duquel les Algériens avaient réussi à capturer quatre soldats français et à les ramener dans la région du Kef. -Le 11 Janvier, 300 combattants algériens de Sakiet Sidi Youssef menèrent une attaque en territoire algérien contre une patrouille française composée de cinquante soldats (Quatorze soldats français tués, deux blessés et quatre prisonniers). -Le 8 Février 1958, jour du bombardement, l'armée française avait annoncé qu'un avion, touché par une mitrailleuse postée à Sakiet Sidi Youssef, avait dû se poser en catastrophe à Tébessa. Le même jour, en représailles, le général Edmond Jouhaud, commandant de la cinquième région aérienne, avait planifié un raid aérien sur Sakiet Sidi Youssef avant de le soumettre au général Paul Ely qui, ayant obtenu l'accord oral du ministre de la Défense Jacques Chaban-Delmas, autorisa l'utilisation de bombardiers lourds. Cette opération fût menée par 25 avions : -11 bombardiers A-26, -6 chasseurs-bombardiers Corsair -8 chasseurs Mistral6. C'est dont le 8 Février 1958, vers 10 h 50 du matin, qu'un marché où se trouvaient de pauvres citoyens de la région fût mitraillé par une escadrille de chasseurs volant en rase-mottes. Par la suite, trois vagues de sept bombardiers A-26 avaient pilonné la localité jusqu'à environ midi, quant aux bombardiers Corsair ils neutralisèrent les installations anti-aériennes. Par ailleurs, les bombardiers A-26 s'étaient mis à détruire la mine de plomb désaffectée, qui servait de camp aux rebelles. L'histoire de Sakiet Sidi Youssef reste donc marquée pour la vie, avec un bilan en pertes humaines qui varie entre 72 et 75 morts et 148 blessés, dont une douzaine d'élèves d'une école primaire et des réfugiés algériens regroupés par une mission de la Croix-Rouge.