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Tunisie: Les «vrais-faux» prophètes de la chasse aux dirigeants?
Publié dans WMC actualités le 29 - 01 - 2011

Lorsqu'un peuple opprimé, humilié descend dans la rue pour exiger le départ d'un président et d'un gouvernement qui l'ont fait souffrir et qui l'ont brimé pendant des années, cela est compréhensible et même attendu. Mais lorsque certains leaderships s'y mettent, et pour des raisons de vindicte tout à fait personnelles, cela devient grave. Les risques deviennent sérieux sur les équilibres socioéconomiques et même politiques d'un pays fragilisé par des décennies de corruption et de mauvaise gouvernance.
Passerions-nous d'une dictature habillée de pseudo-réussites économiques à une démocratie despotique s'attaquant aux piliers de l'entrepreneuriat, des institutions et de l'économie tunisienne sans distinction aucune et dans un désir de vengeance à peine caché? Nous le savons, nous l'avons dit et redit: le capital est apatride.
«Si cela continue, si nous restons dans cette ambiance de flou et d'instabilité, mon usine, je peux la démonter en 24h, je l'installe au Maroc», a déclaré un investisseur étranger. Son usine emploie près de 700 personnes.
Il n'est pas le seul à le penser et le dire, les exportateurs et les entreprises off shore n'arrêtent pas de se plaindre. «Nous avons choisi la Tunisie pour ses atouts en matière de lois incitatives dans l'investissement, ses encouragements, sa main-d'œuvre et sa stabilité; tout ce que nous voulons aujourd'hui, c'est la reprise du travail».
En déplacement à la STIA (Société tunisienne d'industrie automobile), une usine du groupe Mabrouk à Sousse, Marwane Mabrouk, a été surpris d'être applaudi par ses ouvriers, étonnés au début de le voir apparaître avant de l'entourer et lui poser toutes sortes de questions à propos de ce qui se passait dans le pays. Pendant une heure et demie, il a dû répondre à leurs interrogations et les rassurer quant à la solvabilité du groupe.
La STIA acquise par le groupe Mabrouk, il y a moins de deux ans, n'a jamais arrêté de fonctionner, du moins partiellement, tout au long des perturbations et des événements qui ont secoué le pays.
Marwane Mabrouk qui, contrairement aux rumeurs, n'a jamais quitté la Tunisie depuis le déclenchement de la révolte, a repris le travail lundi 17 janvier comme la plupart de ses employés. «Marwane Mabrouk a fait, il y a deux jours, une intervention sur le site d'ICAR qui a conforté les ouvriers et les employés. Il a bien voulu répondre à toutes nos questions et nous a assuré de son intégrité. Nous le croyons et nous avons confiance en lui. Ce monsieur a eu le tact, lors de la toute première visite qu'il nous a rendue lorsque le groupe a acheté la STIA, de se préoccuper, avant de parler de productivité, du changement du toit construit en amiante. Nous avions peur que notre usine soit nationalisée, il nous a assurés qu'elle a été acquise en toute légalité et sans aucune enfreinte à la loi. Il s'est dit prêt à faire face à toute poursuite judiciaire au besoin en affirmant qu'il n'a rien à se reprocher», a précisé Mehdi Mokni, secrétaire général du Syndicat de base et membre du bureau régional de l'UGTT à Sousse.
L'usine ICAR a d'ailleurs augmenté sa production depuis qu'elle n'est plus la STIA. «Nous produisons un bus par jour alors qu'auparavant, c'était deux par semaine et nous avons élevé notre production de Mitsubishi de 10 à 15 par jour. Quant à nos employés, la direction est en train d'étudier les dossiers de titularisation des contractuels et nous a accordé aujourd'hui même une prime de 200 dinars tunisiens pour avoir assuré durant cette période difficile».
Tout le monde est coupable jusqu'à preuve du contraire
Nous assistons aujourd'hui à une chasse aux sorcières sans précédent. Des personnes usant d'intox et de fausses rumeurs s'attaquent aux groupes économiques les plus importants du pays. Pourtant, qui, évoluant dans le milieu entrepreneurial, ne connaît pas les pressions auxquelles étaient soumis les chefs d'entreprise, et même ceux des PME allant des rackets à des participations gratuites dans le capital ou des commissions imposées? Sont-ils pour autant tous malhonnêtes?
Serions-nous dans une phase de «peur rouge» à l'instar de celle vécue dans les années 50 aux Etats-Unis à cause de McCarthy? Allons-nous traquer aveuglément tous ceux qui ont approché de près ou de loin les familles du président déchu, ou les anciens membres du gouvernement? Les traquer dans les médias, sur les réseaux sociaux et même dans leurs fiefs entrepreneuriaux? Allons-nous, nous-mêmes, victimes d'abus, de vols, de détournements et de corruption devenir des bourreaux?
Ceux qui sont morts, tous ces martyrs qu'on n'arrête pas de citer à tout bout de champ jusqu'à quelque fois banaliser leurs sacrifices, ne sont-ils pas morts pour défendre la liberté, la dignité, l'équité, la légalité et leur droit à travailler?
«L'heure n'est pas à la vindicte et aux règlements de comptes, ce dont le peuple a besoin aujourd'hui c'est le retour à une vie normale, au travail, à la reprise des cours et à l'accès aux soins, et dans 6 mois les urnes départageront tout le monde. A défaut, c'est le chaos, et vivement une nouvelle dictature…», écrit "lepatriote", un lecteur sur WMC.
Mercredi 25 janvier, les représentants syndicaux de l'Office national de la famille et la population ont décidé, de leur propre chef, qu'ils devaient démettre Nabiha Gueddana, directrice générale. Sous quels prétextes? Chacun est allé du sien. Toutes sortes d'arguments allant de son «apparente partialité» à des accusations «de mauvaise gestion» et autres ont été déballés sur la place publique, profitant d'une conférence de presse. Les représentants de l'UGTT ont-ils le droit de s'attaquer à un haut fonctionnaire nommé par le gouvernement et de décider de le démettre? Pourquoi le secrétaire général qui, semble-t-il, dispose de preuves percutantes, a-t-il attendu aussi longtemps avant de se manifester? Avait-il autant peur de Nabiha Gueddana ou se découvre-t-on tout d'un coup courageux?
Les exemples sont légions en matière d'abus de la part de certains fonctionnaires ou travailleurs qui ont voulu se faire justice par eux-mêmes. Que leurs actions soient justifiées ou pas, cela doit-il se faire au détriment de la loi, des institutions de l'Etat ou des figures nationales de l'économie?
Les urnes et la loi départageront tout le monde. Toutes ces institutions qui ont été vidées de toute leur consistance durant le «règne» précédent doivent retrouver leur place et leur pouvoir à préserver les valeurs républicaines, les valeurs de droits de l'homme et faire prévaloir la loi qui doit se mettre au-dessus de toutes les vindictes et les règlements de compte personnels.
Le modèle de la révolte tunisienne a été impressionnant. Pour qu'il réussisse, il faut un peuple réceptif et mature et des élites éclairées. Si les leaders défaillent, n'encadrent pas le peuple, ne le sensibilisent pas, ne communiquent pas de manière constructive et positive avec lui, tout le processus risque de déraper.


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