La CIA ne vient-elle pas irrésistiblement à l'esprit quand on voit les derniers événements à Kasserine et ailleurs, la mésaventure kafkaïenne du ministre de l'Intérieur, les rumeurs de rapt et de viol...? Certains ont soufflé le nom des Balkans pour décrire la contagion qui s'est étendue de la Tunisie à l'Egypte puis vers on ne sait quel autre pays arabe, mais nous sommes plutôt tentés par l'exemple de l'Amérique du Sud où les professionnels de la déstabilisation politique de la CIA ont écrit de terribles pages de l'histoire contemporaine. Bien sûr, nous ne sommes pas partisans inconditionnels de la théorie de la conspiration, mais reconnaissons quand même qu'il est bizarre qu'il y ait tant de similitudes entre la révolution tunisienne et l'actuel soulèvement en Egypte: les bandes armées qui terrorisent la population, l'attitude ambivalente des policiers, les comités de quartier, l'utilisation de l'Internet, les milices indéfinissables... et jusqu'à l'attitude capitale des militaires! Comme s'il s'agissait d'une procédure ''By-the-Book'', les facteurs de déstabilisations aussi bien que les étonnants facteurs de ''fausse stabilisation'' se multiplient et ne semblent pas s'arrêter, créant un tel émoi au sein de la population tunisienne (et égyptienne) que les esprits en sont à chercher une issue urgente. Une maturation irrésistible qui nous pousse à chercher, en définitive, l'ordre, comme condition de clame et de stabilité, auprès des militaires. Car ceux-ci sont devenus, par la force des choses, une ''variable d'ajustement'', comme disent les stratèges. Un interlocuteur qui irait comme un gant aux Américains pour lesquels la révolution est la dangereuse porte ouverte sur l'autodétermination totale alors que beaucoup trop d'intérêts sont en jeu. D'où les raccourcis, dans beaucoup d'esprits, vers la main invisible de la CIA.