Quelques années après avoir quitté le Parti de l'Unité Populaire (PUP), dont son père, Mohamed Belhaj Amor, a été le fondateur et le secrétaire général de 1981 à 2000, Adnane Belhaj Amor est de retour sur le terrain politique en tant que porte-parole et coordinateur du Forum Ajiel Tounes. Actif avant d'avoir demandé il le fera dans quelques jours- et obtenu un récépissé, ce groupe dont le comité provisoire compte 9 nombres venant d'horizons divers (Adnane Belhaj Amor économiste-, Khadija Melki ‑cadre supérieur-, Ali Yayaoui -consultant en marketing extérieur-, Hatem Meddeb universitaire-, Mohamed Houidhek expert comptable-, Samia Hedfi gestionnaire-, Sofiane Akkouri ‑agent d'assurance-, Zaydoun Hichem juriste-, Mourad Bel Hadj juriste) s'est déjà donné un manifeste. Dans ce document rendu public lors de la conférence de presse tenue mardi 8 mars 2011, le Forum Ajiel Tounes se donne six principes et idées conductrices: «contribuer à réaliser les aspirations des martyrs et des artisans de la révolution, faire de la Tunisie une république authentiquement démocratique et pluraliste, maintenir l'ancrage arabo-musulman de la société avec une ouverture sur le monde et la modernité, satisfaire les besoins des générations actuelles sans hypothéquer le droit des générations futures à une meilleure vie, uvrer à la solidarité entre les régions et les couches sociales, et se maintenir dans la dynamique de l'égalité enter l'homme et la femme». Pourquoi Ajiel Tounes? «Parce que la politique n'est pas l'affaire d'une seule génération», explique Adnane Belhaj Amor. «Les gens parlent certes de la jeunesse de Facebook. Certes, ce vecteur a joué un grand rôle, mais il n'y a pas que cette jeunesse. De nombreux Tunisiens ont contribué intellectuellement et politiquement à l'émergence de la démarche vers la libération», souligne le porte-parole d'Ajiel Tounes. Certes, admet-il, «la révolution tunisienne n'a pas eu de leadership politique, mais le fruit d'accumulations dont il faut tenir compte». Sachant qu'il est de tous les animateurs de Forum Ajiel Tounes le plus connu sur la scène, il prend la précaution d'avertir qu'il n'entend pas se livrer à un one man show politique. «Je ne fonde pas mon parti. Je travaille collégialement. J'ai déjà eu mon propre parti et je l'ai quitté pour des raisons subjectives et objectives que j'ai expliquées dans un article». Les promoteurs du processus initié dès le 16 janvier 2011 soit deux jours seulement après la fuite de Ben Ali-, et ayant déjà produit le Forum Ajiel Tounes, avaient en tête de créer un parti politique, révèle Adnane Belhaj Amor. Qui précise, pour la petite histoire, que l'un des participants aux premières discussions sur ce projet a rapidement quitté le groupe pour créer son propre parti. Est-ce alors pour cette raison que l'idée du Forum Ajiel Tounes a été abandonnée du moins pour l'instant? Officiellement, ce n'est pas pour cet accident de parcours que les initiateurs du forum ont, pour l'instant, mis de côté l'idée de créer un parti. En fait, deux raisons ont amené le groupe animé par Adnane Belhaj Amor à changer son fusil d'épaule. D'abord, comme l'indique le porte-parole lui-même, si les membres du Forum Ajiel Tounes ont déjà défini des principes et idées communes, ils n'ont pas encore pu élaborer une offre politique aux contours précis. Même s'ils annoncent déjà vouloir se positionner au centre de l'échiquier politique. Ensuite, les initiateurs de ce forum veulent se donner le temps d'observer la manière dont la scène politique qui voit l'émergence d'une profusion de formations- va s'articuler en fin de compte, pour décider s'ils vont ou pas sauter eux aussi le pas. «Si un parti politique porte nos idées et les communique bien, il n'y a pas de raison qu'on vienne le concurrencer», lance la benjamine du groupe, Emna Ben Turkia. Qui se laisse quand même une petite porte ouverte en affirmant que «nous avons l'impression que la communication ne se fait pas bien». MM