Dans un entretien sur le site www.usinenouvelle.com, SaId Aydi, ministre tunisien de l'Emploi et de la Formation professionnelle, alors qu'il participe à la World Investment Conference qui se tient à la Baule cette fin de semaine. Il évoque bien entendu de la situation de l'emploi et des troubles sociaux, mais également de l'investissement, des réformes en cours, de l'assainissement des circuits économiques et du report des élections Répondant à la question sur la situation de l'emploi en Tunisie, Saïd Aydi cite des chiffres qui font froid dans le dos : Quand j'ai pris mon ministère en janvier, il y avait 520.000 demandeurs d'emplois dont 140.000 diplômés de l'enseignement supérieur. Du fait de la révolution et l'impact des évènements de Libye, ce chiffre est passé à 600.000 chômeurs, dont 175.000 diplômés de l'enseignement supérieur. Le taux de chômage qui était de 13,2% est passé désormais à 17% en incluant les personnes rentrées de Libye. Dans certaines régions, ce taux est de 40%, notamment pour les diplômes du supérieur, précise-t-il. Jugeant cette situation inacceptable, M. Aydi indique que mon objectif est de développer l'employabilité et adapter les filières de formation initiale par rapport aux besoins du marché de l'emploi à moyen et long terme . Concernant ce taux de croissance, le ministre de l'Emploi reste optimiste à court terme, tout en rappelant que la Tunisie mise sur la reprise de l'économe et s'y prépare, car cette année le pays devrait connaître entre 0% et 1% de croissance, mais on estime pouvoir revenir à un taux de croissance en 12 mois glissant de 5 à 6% à partir du quatrième trimestre. Pour ce faire, le gouvernement compte utiliser cette période au mieux en matière de formation en ciblant notamment les personnes au chômage mais pas forcement employables Nous prévoyons de lancer des projets pilotes par exemple dans l'économie du savoir pour stimuler les créations d'emploi et accompagner la reprise. C'est notamment le cas dans les TIC donc, dans la logistique, l'agro alimentaire et aussi bien sûr le tourisme. Et pour y arriver, le M. Aydi affirme que la Tunisie a eu un premier niveau de soutien de nos partenaires (la France via l'AFD, l'Europe, les Etats-Unis, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement), soit environ 2 milliards de prêts, mais ce n'est pas suffisant. Alors le gouvernement de transition a bâti un plan de soutien économique et social sur 5 ans présenté au G8 à Deauville. L'objectif est d'obtenir des financements et des dons pour un total chiffré à 25 milliards de dollars... Toujours dans entretien, le ministre de l'Emploi a énuméré les différents axes de réformes entrepris par le gouvernement de transition, à savoir l'amélioration de la gouvernance, le développement du capital humain, la modernisation du système financier, la mise en place d'un cadre législatif ouvert aux investisseurs étrangers et tunisiens et un plan ambitieux d'accélération des investissements dans les infrastructures. Par ordre des priorités, c'est la modernisation du secteur de la finance et des banques qui arrive en tête. L'objectif est que la finance soutienne l'économie et l'investissement Dans ce cadre, on prépare la mise sur pied d'une caisse des dépôts et un fonds générationnel lequel combinera des investisseurs publics et privés y compris étrangers pour soutenir des secteurs à forte employabilité comme les TIC, le tourisme, la R&D.... A la question de savoir si la Tunisie redeviendra une terre d'accueil pour les investissements étrangers, M. Aydi répond que la Tunisie l'a été, et elle le sera toujours. Et d'ajouter: «Contrairement à ce que l'on pense, il n'y a pas eu de rupture de discussions avec les investisseurs européens ou américains. Aucun n'a décidé de se retirer de Tunisie, même si certains ont suspendu leurs projets. Mais on continue à passer des dossiers à la Commission supérieure de l'investissement dans le domaine des TIC, des composites, de l'agroalimentaire, de l'énergie, l'automobile ou l'aéronautique, notamment avec Aerolia avec qui je travaille par ailleurs sur la formation. Il estime que le code investissement est réellement attractif. Il faut mettre en place une bonne gouvernance du pays et réformer l'administration pour que la Tunisie devienne pleinement un Etat de droit. Les textes existent il faut les dépoussiérer un peu et les appliquer de manière efficience. Ce qui est nouveau, c'est que la Tunisie sera un pays d'accueil aussi pour les investisseurs tunisiens qui étaient confrontés à un système mafieux.