Après des semaines de silence où il fallait presque forcer les portes des responsables pour avoir des nouvelles sur les résultats des négociations salariales dans le secteur privé, Khalil Ghariani (chargé du dossier social au sein de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat) vient de sortir de sa réserve pour brandir un doigt accusateur contre l'Union générale de travailleurs tunisiens (UGTT). En vérité, l'attente des employés du secteur privé est devenue interminable alors que leurs collègues du secteur public savent à quoi s'en tenir depuis la mi-juin quand les consultations entre le gouvernement et l'UGTT ont enfin abouti à du concret (et ce sur la base des augmentations de salaires de 2008-2009 pour une année, en attendant un exécutif non provisoire qui aura la latitude de renouer avec les négociations triennales s'il le souhaite). Une attente interminable qui semble virer à une sorte de crise de malentendus, car si les témoins qui ont assisté aux négociations sur les salaires du secteur public attestent que la chose s'est passée dans le calme et l'unité des intentions, les échos venant des négociations dans le secteur privé disent à peu près le contraire. C'est peut-être pour cela que Khalil Ghariani est sorti de sa réserve pour crier à la face des Tunisiens que les négociations sont actuellement au point mort malgré l'attachement de l'UTICA à progresser sur ce dossier. Bien sûr, on comprend tout de suite que M. Ghariani accuse, de manière directe, les négociateurs de l'UGTT devant lesquels les gens du Patronat ont ressenti un malaise d'attitude, si l'on ose dire. En effet, ils disent avoir ressenti comme un manque total de volonté de progresser dans l'attitude générale de l'UGTT avec, comme preuve, le fait que les négociateurs de l'UGTT semblent prendre un malin plaisir à revenir sur des points à propos desquels les deux parties se sont déjà mises d'accord. Le Patronat accuse même les négociateurs de l'UGTT de pousser le bouchon jusqu'à refuser purement et simplement de signer les procès verbaux des séances de joutes. Mais les choses ne s'arrêtent pas là, car ce qui embarrasse le plus le Patronat, c'est que les gens de l'UGTT reviennent encore et encore inlassablement avec de nouvelles revendications. M. Ghariani exprime ainsi le mécontentement du Patronat qui a fait preuve de bonne volonté alors que les entreprises passent par les difficultés que nous connaissons tous après la Révolution, mais maintenant il faut avancer, n'est-ce pas? L'UTICA attend une attitude moins ''neutre'' de la part du gouvernement car il faut trancher et passer à autre chose!