C'est avec un grand amusement que j'ai lu le journal La Presse de Tunisie du dimanche 7 août 2011; ce journal est le reflet de la tendance de l'emploi en Tunisie, du moins sur les demandes des entreprises, car on peut y trouver les secteurs qui recrutent, les profils demandés et même le nombre de postes à pourvoir. Or, ce qui est frappant à la lecture des annonces, ce sont les détails de ces emplois. Du coup, un certain nombre de réflexions s'imposent. D'abord, les profils demandés doivent être formés sur la lune, à notre avis, car la majorité d'entre eux n'existent pas sur le marché de l'emploi en Tunisie; on ne les trouve qu'à l'étranger ou à l'intérieur de certaines entreprises. En voici un petit échantillon: consultants infrastructures certifié et avec expérience, chef de service support trouble shooting et SS7, ingénieur facturation, expert prestashop, expert telesales, chef de projet technique PHP senior, technicien support applicatif GOGNOS, ingénieur SAS Dataminingg - SAS Dashboard, ingénieur BSS, ingénieur Packet Switching Engineering, chef de produit VAS, Ingénieur Support Transmission PDH/SDH, Senior Manager Equity Research Reporting, et enfin Senior Data Analyst Network Voice et Firewal, etc. Sincèrement, on l'avoue, on ne connaît pas plus de 20% (c'est-à-dire on ignore 80%) de ces métiers et du sens même du travail demandé. Mais passions. La deuxième constatation concerne le secteur des TIC, Internet et télécoms qui recrutent massivement au point de constituer, à l'heure actuelle, le plus grand gisement d'emplois en Tunisie et aussi non comblé, puisque les entreprises ne cessent de publier leurs demandes chaque semaine. Maintenant, si l'on souhaite créer 100.000 ou 200.000 emplois, on sait que c'est possible, sauf que cela ne se fera pas avec le profil actuel de nos jeunes chômeurs; ensuite, nous savons ce qu'il faut faire et vers quoi orienter la formation. Troisièmement, le nombre d'ingénieurs informaticiens formés chaque année, autour de 8.000, est en deçà de la capacité d'absorption du marché et des besoins des entreprises, estimés à 20.000 ingénieurs par an par la Chambre des TIC (INFOTICA). Certains analystes pensent que pour baisser le chômage, l'une des pistes à explorer c'est de transformer plusieurs écoles et filière littéraires (ou ayant une faible employabilité) en écoles d'ingénieurs en informatique et télécom et en électronique. Cette dernière spécialité, du reste très demandée par l'industrie des télécoms, n'est enseignée en Tunisie comme filière à part entière que dans une seule institution d'enseignement, à Monastir, du moins à notre connaissance. Quatrièmement, le marché de l'emploi exige l'expertise technique, les certifications informatiques sont fortement demandées et sollicitées, mais aussi la maîtrise de l'anglais et du français. Bref, cela met à nu toutes les faiblesses du système de formation et d'enseignement tunisien. C'est pourquoi les entreprises n'exigent plus le diplôme qui est dévalorisé au profit de la certification prometric ou Toefl ou Toiec ou autre délivrée par un organisme international et qui reflète réellement un niveau de maîtrise technique et linguistique. D'ailleurs, certaines institutions d'enseignement supérieur privées l'ont compris. C'est le cas d'ESPRIT qui exige, pour la délivrance du diplôme d'ingénieur, 2 certifications, l'une technique de type Cisco, Java, Oracle ou Microsoft, et l'autre linguistique pour l'anglais. Résultat des courses: 100% des diplômés d'ESPRIT sont recrutés de suite par le secteur privé et même avant la délivrance de leur diplôme, selon les informations dont dispositions. Disons que le secteur privé d'enseignement, à l'instar d'ESPRIT et MSB, donne la voie Aux autres secteurs de s'y mettre et de s'en inspirer.