Dans un premier temps, il était impossible de joindre Emna Mnif, la porte-parole du parti Afek Tounes qui est sans conteste l'une des grandes révélations féminines post-Révolution. Dans un second temps, on ne pouvait également joindre notre collègue Jihène Turki, qui a ses entrées dans le parti, et qui aurait pu éclairer notre lanterne (et celle de nos lecteurs) sur ce qui vient de se passer. Avec deux questions: Pourquoi Dr Emna Mnif a-t-elle claqué la porte? Et jusqu'où ira-t-elle dans sa réaction? En clair, est-elle à ce point dégoutée de la politique qu'elle va laisser tomber tout cela et revenir à ses patients, ou bien ne s'agit-il que d'un coup de gueule pour que chacun sache à qui il a affaire, que ce soit au sein du parti qu'ailleurs? Dans un troisième temps, c'est Jihène Turki qui, ayant reconnu le numéro, nous rappelle... Nous lui posons nos questions... elle dit que, sincèrement, elle ne peut rien ajouter à ce qui s'est dit (autrement dit, juste des gens qui lisent dans la boule de cristal)... On insiste, elle dit que Mme Emna a fermé son portable et cela signifie qu'elle ne veut faire aucun commentaire... On insiste encore et Jihène finit par nous annoncer que des tractations (c'est son propre vocable) sont en cours et que, sitôt qu'il y aura plus de visibilité, elle s'exprimera. Mais voici une 'récap' pour cerner un peu mieux le personnage afin d'y voir, peut-être, plus clair. Professeur en médecine, chef de service hospitalo-universitaire, elle a participé à la vie associative dès les études secondaires au Club Jeunes Sciences entre 1983 et 1985; ensuite, à la Faculté de Médecine de Tunis, membre-fondatrice de l'Association des étudiants de la Faculté de médecine (AssociaMed). Parallèlement aux études médicales, journaliste au journal La Presse de Tunisie (1986-90), expérience interrompue devant le durcissement de l'ancien régime et la censure. Son engagement politique commence à la fin des années '90 et le début des années 2000 auprès d'un parti politique, d'abord non reconnu. Son engagement syndical et ordinal débute en 2002 quand elle devient membre du Bureau national du Syndicat des médecins hospitalo-universitaires (jusqu'en février 2011). Elle est successivement SGA, trésorière, SG et vice-présidente du Conseil régional de l'Ordre des médecins de Tunis et, depuis décembre 2010, membre du Conseil national de l'Ordre des médecins de Tunisie. Après le 14 janvier 2011, elle est membre-fondatrice de l'Association Tunisie Unie (association citoyenne et humanitaire)... et elle est encore porte-parole du parti Afek Tounes. On peut saisir les premiers éléments de réponse quand on voit par la 'récap' ci-haut que cette dame passionnée a roulé sa bosse et qu'elle a l'expérience du terrain (avec des acteurs qui affectionnent qalbane el fista, trahisons, attaques sous la ceinture...), et qu'elle est plus solide que pourrait le faire penser sa frêle silhouette. Notre opinion, c'est qu'on lui a donné une parole quant à l'adhésion d'Afek Tounes au pôle démocratique et qu'on ne l'a pas tenue. Tout bêtement! Elle ne veut pas laisser passer cela. Son autorité en prendrait un coup... mais sa candidature aux élections de l'Assemblée Constituante et sa persistance dans la politique ne font pour nous aucun doute.