Lors de sa vite à Sfax, vendredi 14 octobre 2011, Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur de l'Union européenne à Tunis, a eu des rencontres avec des représentants de la société civile, le gouverneur de Sfax, des opérateurs économiques (des représentants de l'UTICA et de l'UTAP régionales), ainsi que des étudiants de la Faculté de droit. Avant de repartir sur Tunis, a accordé une interview exclusive à WMC. WMC: M. Koetsenruijter, c'est la première fois que vous rencontrez différents acteurs de la région, alors que vous êtes venu ici à plusieurs reprises Adrianus Koetsenruijter: Effectivement, votre pays s'ouvre de plus en plus grâce à la révolution, et l'Union européenne élargit, par la même occasion, ses relations. Je suis venu avec l'idée que nous devons changer. Donc, je suis content de pouvoir rencontrer tout ce monde. J'ai eu l'occasion de rencontrer tous les acteurs impliqués directement dans la création de cette nouvelle démocratie sur le plan régional. A travers ces rencontres, j'ai pu mesurer comment ces parties travaillent pour le futur, déterminent leurs priorités mais aussi leurs capacités d'analyse de la situation, des problèmes; mais également leur conception de l'importance de la décentralisation. La question importante c'est aussi comment on peut avancer ensemble pour une vie plus stable et plus agréable. J'ai pu constater une grande dynamique et je suis impressionné par le niveau des discussions. La société civile peut-elle jouer un rôle décisif dans le domaine de l'emploi des jeunes à travers les microcrédits, par exemple? Notre présence en Tunisie est plus que élargie en fonction de l'ouverture du pays lui-même. Nous élargissons notre contribution à travers des dons ou des crédits. A noter en ce sens que déjà nous avons lancé 3 appels à proposition de projets, et nous avons accordé 4 millions d'euros à ENDA (organisation non gouvernementale de développement) pour financer des microprojets. Cela veut dire tout simplement que nous accordons beaucoup d'importance au rôle de la société civile qui peut gérer des fonds pour le micro-financement. Car, aider au renforcement de la coopération entres les associations tunisiennes et européennes, c'est parmi nos objectifs. D'ailleurs, j'ai retenu une proposition faite lors des rencontres que j'ai eues avec mes interlocuteurs, il s'agit de l'organisation d'un atelier pour le renforcement des capacités des associations tunisiennes dans les régions pour la formulation des projets. Cette formation va aider à mieux répondre aux appels à proposition que les bailleurs de fonds lancent au profit de la Tunisie... Ces rencontres pourraient aider aussi à mieux faire connaître les outils de financement de l'UE. On parle de plus en plus d'une possible coopération triangulaire européo-tuniso-libyenne. Si tel était le cas, quelles en seraient les bases? Notre espoir est d'instaurer ce genre de coopération. Tous les ingrédients de sa réussite existent, puisque les relations entre la Tunisie et la Libye et entre les deux peuples sont ancrées dans l'histoire. Les Tunisiens peuvent aider, à travers leurs connaissances et leur savoir-faire dans l'organisation des secteurs; ils ont de l'expérience dans ce domaine. Les Libyens et surtout leurs diasporas ont plein d'idées pour la reconstruction de leur pays, et l'Europe doit soutenir les deux et elle ne peut que soutenir de telle initiative. Les opportunités existent, elles sont bénéfiques aussi bien pour les trois parties mais aussi pour toute la région. Nous espérons reprendre les négociations avec le prochain gouvernement (tunisien) qui sera formé après le 24 octobre. Nous sommes optimistes pour le futur, et nous espérons qu'il aura une attitude responsable lors de ces élections, ce qui va confirmer le sentiment de confiance surtout que la Tunisie a une expérience en matière de gouvernance et le maintien des relations ouvertes. C'est pour cela que, pour la période 2011-2013, nous allons consacrer 2,4 milliards d'euros pour soutenir l'économie tunisienne et ouvrir les champs d'aide pour toucher les services, la santé et les NTIC.