Nous en sommes aujourd'hui à être obligés de tenir compte de l'arithmétique d'Alexandre Dumas qui, dans Les Trois Mousquetaires (qui étaient quatre en vérité), donnait les principaux rôles à Athos, Portos, Aramis et D'Artagnan! C'est comme si Dumas avait en tête la situation politique actuelle de la Tunisie quand il avait écrit son roman. On peut ainsi facilement assimiler ses héros à nos politiciens qui ont gagné le gros lot aux élections de la Constituante. Athos, le plus sage et peut-être le plus introverti d'entre eux, pourrait être comparé à Mustapha Ben Jaâfar. Portos, celui qui semble avoir une propension à agir avant de réfléchir, pourrait nous rappeler Moncef Marzouki. Aramis, le prélat qui se trouve être en même temps le supérieur secret de l'Ordre des Franciscains, ne pourrait que nous rappeler Rached Ghannouchi. Quant à D'Artagnan, le dernier venu ayant abandonné sa province natale pour monter à Paris rejoindre le corps des mousquetaires et qui fait office de grande gueule dans le roman de Dumas, il pourrait nous rappeler Hachemi Al Hamdi. Après toutes sortes de rebondissements, il est désormais en troisième place avec 26 sièges à l'Assemblée et il n'y a pas d'autres perspectives que de compter avec lui. Le moindre des arguments est le même qui vaut pour les trois autres (Ben Jaâfar, Marzouki et R. Ghannouchi): ce sont les urnes qui ont amené tout ce joli monde là où il est! On n'est pas démocratique pour quelque chose et antidémocratique pour une autre, cela n'a pas de sens. Et les Tunisiens sont en train d'observer avec passion ce qui se passe et comment les uns et les autres se comportent. Le plus drôle, c'est que dans le second roman de Dumas sur les trois mousquetaires et qui porte le nom de ''Vingt Ans Après'', D'Artagnan devient le capitaine des mousquetaires alors que les trois autres faisaient leur traversée du désert!