Evidemment non, mais comment leur en vouloir. On dit que les élus se battent pour les gros postes de responsabilité malgré tous les rattrapages faits à grand peine par leurs petits copains pour nous convaincre que tout va bien et que ce sont de grands hommes d'Etat pour lesquels la Tunisie passe avant tout, même avant le souffle de la vie! On nous parle de patriotisme, mais que voulez-vous qu'on en fasse quand on voit avec amertume l'accumulation des gaffes. Certains ont perdu une occasion de se taire, c'est certain. Mais d'autres ont perdu une occasion de parler... et nous voilà servis! Prenez par exemple les Facebookers qui semblent souffler le chaud et le froid quand on lit les propos des uns et des autres. Mais réfléchissez encore... car les Facebookers ne valent rien en tant qu'électeurs. Leurs deux millions à majorité moderniste sont restés neutres devant les voix de la Tunisie de l'intérieur et des quartiers populaires. Pourtant, on ne semble pas être enclin à apprendre quelque chose de ce côté. Résultat? Encore des menaces alors que ce sont les urnes qui font et défont les gouvernants. Nous pourrions appeler cela Le syndrome de Didi Lamoroso car il est si typique qu'on peut le considérer comme un cas d'école. Voici: Houkouma barraou zammrou, il y aura 10 millions de politiciens qui gouverneront la Tunisie. On ne se laissera pas faire. N'oubliez pas qu'on a dégagé un dictateur, on peut refaire une autre Révolution!, dit-elle (ou il... on ne sait pas avec les réseaux sociaux) sur un groupe Facebook... et ils sont des dizaines de milliers à partager le même avis. Et pour tout vous dire, l'idée de base n'est pas vraiment mauvaise: une épée de Damoclès suspendue au-dessus des nouvelles têtes couronnées et leur signifiant que les Tunisiens sont attentifs à ce qu'ils font. Mais l'erreur est sur le point d'inflexion. Après l'exercice extraordinaire et éreintant des toutes premières élections démocratiques dans notre pays, Kamel Jendoubi, le désormais fameux président de l'ISIE, a crié sur tous les toits que ...le peuple tunisien a démontré un haut degré de maturité au cours des dernières élections et que le succès de cette opération est le résultat d'une collaboration entre toutes les composantes de la société civile, les partis, l'administration, les services de sécurité et l'armée nationale.... Nous voulons bien le croire, mais chacun doit vraiment assumer ses responsabilités si nous voulons édifier une démocratie et, surtout, surtout, surtout, comprendre que la plus grande arme de la démocratie ce sont les votes!