Enquête menée et réalisée par Sami AKRIMI Le grand Albert Londres disait : «Etre journaliste, ce n'est pas faire plaisir, non pas faire du tort, c'est mettre le doigt sur la plaie». Nous souscrivons Cela peut vous paraître bizarre, mais à chaque fois qu'on voit naître ou éclore un talent sportif (fait désormais rarissime et même exceptionnel), nous sommes comme submergés et envahis par trois sentiments contradictoires. La joie bien sûr d'être témoins de l'aboutissement d'un phénomène naturel qui se transforme avec l'encadrement, le travail, l'expérience et les résultats en un phénomène réel; la colère aussi, celle d'avoir vu d'autres phénomènes aussi naturels et aussi talentueux condamnés au triste statut de morts-nés. Enfin, la frustration et ce sentiment d'impuissance face à cette machine infernale qu'est la bêtise des responsables et leur cynisme à détruire et à tuer dans l'œuf des dizaines de projets de grands champions tunisiens. Allez plutôt demander aux gens honnêtes et aux spécialistes ce que ce pays a perdu en chemin comme boxeurs, footballeurs, coureurs, gymnastes, handballeurs, nageurs, etc. Tout comme nous, vous en seriez malades. Une machineà broyer les champions C'est qu'après les bonnes années Bourguiba (il y en aura plus tard de bien mauvaises et de bien sombres), on a installé comme une machine à broyer le Tunisien. Sa liberté, son talent, son identité, son humanité. Rien ni personne ne sont épargnés; tout le monde y passe, même les champions, surtout les champions. Toutes catégories confondues. Sportifs et autres. Il faut avouer que la tendance s'est accélérée d'une manière tragique lors de ces 23 dernières années. Et, à l'image de tous les domaines, le sport tunisien a eu ses martyrs, ses victimes, ses tortionnaires, ses hommes de main, ses «moundassins» et ses usurpateurs. Encore aujourd'hui messieurs. Oui messieurs, ils sont là, vestiges d'un passé vomi par tout un peuple. Ils étaient là quand nos ex-ministres des Sports faisaient leurs discours de bonnes intentions pour la galerie, pour les journalistes plus ou moins naïfs que nous étions; quand Abdelhamid Slama nous gavait des bons vieux principes de l'olympisme ou quand l'incontournable Slim Chiboub voulait épater la galerie (et souvent l'impressionner) en trônant au milieu de responsables sportifs de tous bords pour faire la leçon à tout le monde. C'est ce qui lui restait ces dernières années après que les Trabelsi lui eurent volé la vedette et les… affaires. Enfin pas toutes… C'est alors tout le sport tunisien qui a trinqué. Lors de cette interminable nuit du sport tunisien, nous nous sommes d'ailleurs souvent posé la question de savoir pourquoi Zaba et compagnie n'ont pas fait comme leurs sinistres prédécesseurs de l'ex-bloc de l'Est. Ex-Union soviétique, RDA, Yougoslavie, tchécoslovaquie, Hongrie, etc. ceux-là ont élevé le sport (avec, il est vrai, une bonne dose de dopants) au niveau de politique d'Etat dans le but de rehausser leur image et leurs drapeaux. Rien de tout cela chez nous, mais quand un sportif échappe au filet tout de même, ministres des Sports, la machine du RCD et les hyènes de toutes parts se mettent en branle pour lui voler son exploit. Dernier en date: Mellouli. Rappelez-vous ces scènes irréelles d'un Zaba qui parade avec un Mellouli incrédule pour cueillir les applaudissements de la foule. Et quand le «fugitif» a pris la poudre d'escampette, c'est le président de la FT de natation, Ali Abbès, qui a pris la relève. Et quelle relève puisqu'il s'est mis en tête de descendre ce Mellouli qui a échappé à son autorité et qui l'a relégué dans l'ombre. Lui qui, comme ses collègues d'autres fédérations, est là pour tirer la couverture vers lui. La poule aux œufs d'or Puis zut, pourquoi faire durer le suspense? ! Aujourd'hui, c'est de Ons Jabeur que nous voulons parler. Pauvre petite grande championne qui vient de remporter Roland-Garros juniors à la force du poignet. C'est le cas de le dire, un poignet meurtri six mois durant mais qui lui a permis de battre les meilleures et de rejoindre un autre Tunisien entré il y a 56 ans dans la légende du grand tournoi français, Mustapha Belkhouja (et non Belkhodja comme aimaient à l'écrire les Français. C'est comme Djerba au lieu de Jerba. Enfin passons…). Au fait pourquoi la pauvre Ons Jabeur? Tout simplement parce que Mehrez Boussayane, président de la FTT, a tout simplement décidé de récupérer l'événement et de contre-attaquer ses nombreux détracteurs, ceux-là mêmes qui ont mis sur la table de l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports une pétition de retrait de confiance. 29 clubs sur 33 messieurs, le quorum des 2/3 largement atteint et devant aboutir à une assemblée générale extraordinaire élective et au départ de monsieur Boussayane. Depuis, notre homme use et abuse de son pouvoir de sa formation juridique et de son habileté manœuvrière pour détourner pour contourner le fait accompli. Il y a presque réussi en jouant sur le nombre des clubs affiliés (le site officiel de la FTT est un véritable miroir aux alouettes). Méthodes d'autres temps dont nous connaissons les moindres détails mais que nous taisons — pour le moment — par respect pour l'homme, pour le tennis pour Ons Jabeur et pour tous ces champions sacrifiés à l'autel de l'ignorance (du tennis bien sûr), de la mégalomanie, de l'arrivisme et de la soif du profit. De tous les profits, Malek Jaziri, Heythem Abid, Lilia Maâref, Mehdi Ben Smaïl, Nadia Sebaï, les frères Jellali, Rafik Kaddour, Aziz Zouhir, Mounira Bey, Adel Ibrahim, Slim Belhaj, Elyès, Bramley Ali, Selima Sfar : toutes et tous tant que vous êtes vous méritiez une autre carrière si on a vraiment pris la peine de s'occuper de vous, comme il était du devoir de tous ces présidents de fédérations de le faire. En fait, ces gens se sont très bien occupés d'eux-mêmes. Ils continuent à le faire et il faut que ça s'arrête une fois pour toutes. Ce sera en tout cas notre derrière bataille, la plus rude sans doute mais elle vaut sûrement la peine d'être combattue avant que nous ne cédions le témoin aux jeunes. Pourquoi Mehrez Boussayane? Parce qu'en parallèle de Dhaou Chamekh (boxe), Ali Abbès (natation), Chekib Brahmi (motocyclisme), etc… nous sommes submergés chaque jour, chaque heure, chaque minute par des appels du courrier et des plaintes concernant les agissements et les pratiques de ces personnes. Parents, présidents de clubs, athlètes ex-joueurs. Puis par-dessus tout, nous sommes confrontés à l'implacable vérité des chiffres et des résultats : notre tennis est presque au Moyen- Age. Parce que c'est à cet état qu'on l'a réduit. Ons Jabeur? Bravo pour le titre de Roland Garros juniors et sa 4e place de la catégorie mais au classement WTA, celui qui compte, notre petite perle nationale n'est que… 745e mondiale. C'est dire que du chemin, elle en a à faire et elle en a les moyens. Mais c'est d'une fédération de dévoués et d'experts qu'elle a besoin. D'ailleurs la meilleure chose qui puisse lui arriver maintenant c'est de foutre le camp ailleurs et d'être placée en de bonnes mains. Tout de suite. A défaut, elle n'a aucune chance. Nous aurions aimé que Mehrez Boussayane ouvre les bras, le cœur et la FTT aux compétences tunisiennes. Il a catégoriquement refusé de le faire. Comme il a refusé au retour de Roland Garros d'être sur une télévision privée tunisienne avec Adel Ibrahim, un ex-champion tunisien qui a sauté dans l'avions pour Paris afin de vivre à travers Ons Jabeur ce qu'on l'a empêché de vivre quand il était un jeune talent. A Roland Garros, Adel Brahim était en larmes quand Ons menait 4-1 au second set et qu'il avait senti l'affaire dans le sac. A Paris, aux côtés et en présence du ministre des Sports qui a conseillé l'ouverture d'une nouvelle page et l'union sacrée entre gens du tennis, Boussayane a fait des promesses qu'il n'a pas tenu le lendemain même sur une chaîne de télé nationale en refusant qu'un ancien champion lui fasse de l'ombre. Ce n'est pas Ons Jabeur qui avait gagné mais le président de la FTT pour qui l'heure des règlements de compte a sonné. Partez monsieur Mehrez Boussayane. De grâce partez. Laissez le tennis aux gens du tennis, partez avec votre équipe dont deux se sont déjà retirés (madame Chedlia Fehmi Fendri et monsieur Chérif Ben Youssef ayez le courage de vos opinions et de vos décisions!). Monsieur Fakhreddine Frini, ancien président de Boumhel Bassatine sport qu'on a dégagé avant la fin de son mandat dans ce club suite à une assemblée générale extraordinaire élective et qu'on retrouve comme par enchantement… trésorier de la FTT; que fabriquez-vous encre dans ce sport? Qu'avez-vous fait de la subvention d'un quart de milliard pour trois terrains, de misérables vestiaires et d'une buvette qui n'a jamais fonctionné?! Maître Jilani Bouhafa, ancien champion de Tunisie toutes catégories ancien joueur numéro 1 de la coupe Davis, comment vous vous permettez d'être encore dans cette galère et de cautionner la mort lente de notre tennis?! D'autres en tout cas ont eu le courage de briser la loi du silence, l'Omerta. Enquête.